Economie

1% des travailleurs belges sont actionnaires de leur entreprise en Belgique, pourquoi si peu d'intérêt ?

Le marché matinal

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Par Guillaume Woelfle sur base d'une chronique d'Aline Delvoye

Un millier d’employés de La Redoute en France vont se partager la somme de 100 millions d’euros grâce à la revente de leurs actions. Ils étaient tous devenus actionnaires de leur société en 2014 après sa restructuration via le mécanisme appelé "l’actionnariat salarié".

L’objectif est que le travailleur puisse recevoir ou acheter des actions de sa société et qu’il soit de près ou de loin associé à la gestion actionnariale de l’entreprise. Donc il devient en partie propriétaire de l’entreprise. Ce mécanisme existe aussi pour des sociétés cotées en Bourse sous la forme de stock-options.

En Belgique, on estime qu’entre 50.000 et 60.000 employés sont actionnaires de leur société, soit un peu plus d’1% des travailleurs. Et parmi eux, les salariés de la société EASI basée à Nivelles. Elle vend et développe des solutions informatiques. Elle n’est pas cotée en Bourse. En 2011, le fondateur décide de vendre des parts de son entreprise à ses employés. Aujourd’hui la société compte 500 personnes dont 115 sont actionnaires.

Pour les employés cela permet d’être davantage investis dans l’entreprise et de pouvoir peut-être profiter un jour du fruit de la vente de celle-ci, comme pour la Redoute en France. Et en attendant les employés peuvent avoir un intéressement financier dans les résultats de leur société.

"À partir du moment où la société est rentable, oµ cela fonctionne, les employés peuvent s’attendre à obtenir un retour financier sur l’investissement, explique Jean-François Herremans, directeur général d’EASI. Cela dépend de la performance d’une année à l’autre, il n’y a pas de garantie d’avoir un dividende chaque année mais nous, la direction, nous engageons à expliquer aux employés dans quelle direction on souhaite aller, de façon à ce qu’ils sachent à quoi s’attendre."

Pour valoriser ses actions, il peut être possible de les revendre mais souvent dans entreprises comme EASI, une convention bloque la vente d’actions pendant plusieurs années. L’objectif c’est d’investir dans la société sur du moyen ou long terme.

Quel est l’avantage pour l’entreprise ?

Pour l’entreprise, l’avantage réside dans le fait d’avoir plus d’unité au sein de l’entreprise puisque les actionnaires salariés travaillent en quelque sorte pour leur propre compte. Ils sont souvent plus motivés et plus performants avec des effets positifs sur la gestion des ressources humaines indique Jean-François Herremans d’EASI. "Nous remarquons un nombre de départs moindre qu’ailleurs car une fois qu’ils sont dans l’actionnariat, il y a une plus grande motivation dans l’entreprise. Ensuite, nous constatons aussi une sorte de "présentéisme" avec moins d’absence que d’autres entreprises dans le même secteur que nous."

Cela dit, l’actionnariat salarié semble séduire beaucoup moins en Belgique où 1% des travailleurs participent financièrement à leur entreprise via cette formule contre 12% en France. La faute, d’abord aux traditions. D’un côté, il n’est pas forcément évident pour des patrons de partager les pouvoirs. D’un autre côté, les syndicats non plus ne sont pas toujours favorables à ce qu’un employé se rapproche du patronat.

Et puis, le système belge ne serait pas fiscalement intéressant pointe Bruno Colmant, économiste et professeur d’université. "Quand on reçoit une action d’une société, d’abord à titre gratuit, malgré éventuellement une certaine décote, c’est assimilé à un avantage toute nature qui est taxé comme un salaire en subissant l’impôt et les cotisations sociales, puisque l’entreprise donne quelque chose aux travailleurs. Donc, en fait, un avantage de toute nature est lourd et donc l’avantage final qui reste à un travailleur quand on lui donne une action en est en réalité réduit."

Pour échapper à cette taxation, il faudrait acheter des actions de son entreprise. Pour cela, il faut déjà pouvoir mettre un montant minimum sur la table. Chez EASI par exemple c’est 15.000 euros, ce qui n’est pas donné à tout le monde.

Une réforme fiscale de ce modèle est en cours de préparation par le cabinet du ministre des Finances, Vincent Van Peteghem.

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