Le projet date littéralement d’avant-guerre. Déjà avant le conflit mondial de 14-18, l'idée est évoquée de bâtir un lieu qui permettrait d’abriter toutes les expressions artistiques nobles, de la musique à la peinture en passant par le chant et la sculpture. Un tel lieu manque alors dans la capitale, et les artistes doivent se débrouiller avec le peu d’infrastructures existantes. Mais bien sûr, la guerre passant par là, le projet est mis au placard durant plusieurs années.
L’histoire retiendra que le Palais des Beaux-Arts (à ne pas confondre avec le Musée royal des Beaux-Arts, à quelques centaines de mètres de là, et qui est, comme son nom l’indique, un musée) renaît de ses cendres grâce à l’initiative de deux hommes, le bourgmestre bruxellois de l’époque, Adolphe Max, et le banquier mécène et mélomane Henry LeBœuf.
Le 4 avril 1922 donc, les choses sont lancées. L’association du Palais des Beaux-Arts est officiellement créée, sous la présidence de Max. Sa raison d’être est l’édification d’un centre qui pourra accueillir artistes et public durant des décennies, sur un site déjà choisi depuis longtemps. Ce dernier est symbolique, à côté du Palais royal et en face de l’Académie des Sciences. Les Arts revendiquent ainsi leurs lettres de noblesse.
Oui mais voilà, il va s’avérer que l’endroit n’est pas si idéal que cela. Tout d’abord, pas question de venir obscurcir la place des Palais avec un bâtiment à étages. L’entrée devra se faire depuis la rue Ravenstein, et la toiture ne pourra pas s’élever au-dessus de la place des Palais. Il faut préserver le panorama royal. L’emplacement abrupt, en plein dénivelé, s’avère aussi un défi pour le concepteur.
Mais qui de mieux placé pour relever des défis architecturaux que celui qui, dix ans plus tôt, a révolutionné l’habitat bruxellois avec ses demeures Art Nouveau ; Victor Horta ?