Santé & Bien-être

16,3% des jeunes Belges de 10 à 19 ans sont atteints d’un trouble mental: on les entend pas assez, selon l'UNICEF

© UNICEF Belgique

Par Estelle De Houck

Selon UNICEF, plus de 16,3% des jeunes Belges de 10 à 19 ans seraient atteints d’un trouble mental diagnostiqué. Malgré cette estimation préoccupante, ces adolescents se font rarement entendre. C’est pourquoi UNICEF a décidé de leur donner la parole… Et ces jeunes ont beaucoup de choses à dire.

Entre 2020 et 2022, UNICEF s’est entretenu avec quelque 150 enfants âgés entre six et 17 ans, dans plus de dix hôpitaux psychiatriques ou centres de santé mentale du pays. Ces entretiens ont été menés par "What Do You Think", le projet participatif d’UNICEF Belgique.

Hôpital, école, maison, société : ces jeunes donnent leur avis.

L’admission à l’hôpital

Le passage à l’hôpital psychiatrique suscite des émotions contradictoires, selon les adolescents interrogés par l’UNICEF. Certains le vivent comme un moment de répit et de sécurité, tandis que d’autres le vivent comme un exil.

"J’aime le fait que nous sommes là, à l’hôpital, pour nous soigner, pour après sortir de l’hôpital, pour profiter pleinement de la vraie vie qu’un ado devrait avoir. Être à l’hôpital n’est pas une vie d’ado à mon goût", témoigne un jeune de 15 ans.

D’après le rapport d’UNICEF, la majorité des jeunes admis à l’hôpital ont le sentiment d’exister réellement et d’être écoutés grâce à l’ouverture, l’empathie et la disponibilité du personnel soignant. Ils sont toutefois nombreux à regretter la discontinuité des soins, le schéma thérapeutique qui leur est proposé, le manque de jeux et de contacts sociaux.

Je n’aime pas l’image de l’hôpital à l’extérieur

Autre constat : celui du sentiment de stigmatisation. "Je n’aime pas l’image de l’hôpital à l’extérieur", raconte une jeune de 16 ans. "J’ai l’impression de ne pas être normale. Je n’ose pas en parler, je ne dis pas que je suis ici."

"Briser le silence"

En règle générale, les enfants auraient aimé recevoir de l’aide bien plus tôt. Certains estiment d’ailleurs n’avoir jamais été écoutés ou pris en considération : ils font d’ailleurs le lien entre leur situation actuelle à ce manque d’écoute.

"À l’école, dans les familles, dans les communautés, dans la société : partout, les jeunes veulent que des initiatives soient mises en place pour qu’ils aient la possibilité de s’ouvrir aux autres, de trouver une écoute et d’être aidés avant que les crises, les dépressions et les problèmes de santé mentale ne surviennent", relate le rapport d’UNICEF.

Les jeunes déplorent également le manque de sensibilisation concernant les questions de santé mentale, ce qui renforce le sentiment de stigmatisation des enfants – qui ne se sentent pas pris au sérieux. Ils aimeraient donc "briser le silence" autour de cette problématique.

L’école

Pour de nombreux jeunes interrogés, l’école se doit elle aussi d’évoluer afin d’offrir du soutien concret aux enfants et de faire de la santé mentale une priorité. D’après eux, c’est au sein des établissements scolaires que l’effort doit être conduit en premier lieu.

On aimerait avoir un coach bien-être à l’école qui demande chaque semaine comment on va

"On aimerait avoir un coach bien-être à l’école qui demande chaque semaine comment on va et ce dont on a besoin pour se sentir bien dans sa peau. Un coach accessible et qui apprend à connaître tout le monde. Si tout le monde y va, il n’y a pas de différence visible entre les personnes – en difficulté ou non – et cela permettrait de briser le tabou autour des difficultés mentales", témoigne un groupe de jeunes de plus de douze ans.

Selon eux, cet effort pourrait retarder l’hospitalisation et permettre aux jeunes de se sentir moins jugés par leurs camarades ou par le corps éducatif.

© UNICEF Belgique

Six domaines d’action

Si UNICEF Belgique reconnaît les efforts mis en place par la Belgique pour protéger la santé mentale des plus jeunes, "il reste encore beaucoup de travail à faire."

"Nous espérons que les témoignages de ces enfants et de ces jeunes apporteront des changements dans la législation et dans les pratiques relatives à la santé mentale afin qu’elles soient davantage fondées sur les droits de l’enfant", explique le Fonds des Nations unies pour l’enfance, qui les décideurs politiques belges à agir dans six domaines :

  • "Renforcer les investissements en prévention pour que chaque enfant bénéficie de services de santé mentale de qualité et gratuits proches de chez lui" ;

  • "Briser le silence autour de la santé mentale, en luttant contre la stigmatisation" ;

  • "Intervenir dans des domaines clés, notamment en prévoyant un meilleur soutien aux parents" ;

  • "Permettre à chaque enfant de bénéficier d’une écoute et d’un support psychosocial à l’école ou dans son quartier" ;

  • "Sensibiliser et former le personnel de première ligne (enseignants, médecins, etc.) ainsi que les parents et les enfants eux-mêmes" ;

  • "Ecouter la voix des enfants et des adolescents."

Comment faire pour éviter l’hospitalisation ? Ecouter la jeunesse. Agir en amont.

Tirées directement de l’expérience des enfants, ces recommandations insistent sur l’importance de l’écoute. "Comment faire pour éviter l’hospitalisation ? Ecouter la jeunesse. Agir en amont."

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