Icône représentant un article video.

Près de chez nous

1924, Giacomo Puccini s’éteint à Ixelles, laissant son Turandot inachevé

C'est arrivé près de chez nous

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Saviez-vous que Giacomo Puccini était décédé à Bruxelles, et plus précisément dans une clinique située à la rue de la couronne à Ixelles, emporté par un cancer de la gorge ? Xavier Falques nous en raconte tout dans C'est arrivé près de chez nous

Je traverse une période extrêmement pénible. Ce mal de gorge me tourmente beaucoup plus moralement que physiquement. Je me rends à Bruxelles pour consulter un spécialiste célèbre. Je m’en vais bientôt. Vais-je me faire opérer ? Va-t-il me guérir ? Ou serais-je condamné ? Je ne peux plus continuer ainsi.

Voici les inquiétudes qui transparaissent dans les dernières lettres de Giacomo Puccini. Alors qu’il s’apprête à suivre un traitement pour ce qui s’avère être un cancer de la gorge. Il ne laisse pourtant rien au hasard, choisissant une clinique bruxelloise sise à la rue de la couronne. 

Poster For The Opera Turandot At The Teatro Alla Scala

Puccini est conscient que le traitement sera long et se fait peu d’illusion sur l’avenir. Alors qu’il est encore dans l’écriture de son Turandot, il aurait déclaré "Mon opéra sera donné inachevé, quelqu’un montera alors sur la scène et dira au public : A cet endroit, le compositeur s’est éteint".

Et pourtant, la première partie du traitement se déroule sans problème, le compositeur n’étant pas encore alité, il assiste même à une représentation de sa Madame Butterfly au Théâtre de la Monnaie. Parti avec son fils Tonio, il voit arriver sa fille Fosca à son chevet, la veille de l’opération.

Le 24 novembre, débute la seconde partie du traitement, la gorge est ouverte et dans la plaie, à la place de la tumeur sont insérés sept aiguilles au Radium. Cette partie du traitement demande beaucoup au compositeur qui est en souffrance et qui ne sait plus s’exprimer par d’autres moyens que les gestes ou l’écrit. Mais les médecins sont optimistes, l’opération est réussie et l’on se met alors à espérer. Les bulletins quotidiens sont au vert. Le docteur Ledoux déclare même que le compositeur en sortira et dans l’après-midi du 28, sa fille Fosca prépare une lettre dans laquelle elle écrit : "Tout va bien et les docteurs se montrent plus que satisfaits : notre papa adoré est sauvé ! Sauvé comprenez-vous ?".

Portrait de Giacomo Puccini sur son lit de mort, réalisé le 29 novembre 1924 par Henri Loyelovin
Portrait de Giacomo Puccini sur son lit de mort, réalisé le 29 novembre 1924 par Henri Loyelovin © De Agostini via Getty Images – DEA / A. DAGLI ORTI

Mais cette lettre de Fosca ne sera jamais envoyée… Car quelques heures seulement après l’avoir écrite, le 28, à 5h du soir, alors que l’on retire les aiguilles au Radium, le cœur du compositeur commence à s’emballer. Puccini est robuste, il tient le choc et les médecins font ce qu’ils peuvent, mais rien n’y fait. Dans la matinée du 29 novembre 1924, le cœur qui n’a cessé de s’emballer s’arrête et Puccini souffle son dernier soupir.

Dans l’espoir de terminer son œuvre, le compositeur avait amené avec lui la partition du grand duo, mais sa funeste prophétie s’avérera juste. "Et Turandot ?" écrivait-il. Turandot ne verra pas son créateur écrire la dernière double barre. Le lundi 1er décembre, un cortège funèbre est organisé et la dépouille du créateur retourne vers sa terre natale par le train… L’Italie est en deuil, mais ce jour-là Bruxelles l’est aussi, car dans la matinée du samedi 29 septembre la mort s’est joué de l’espoir…

Procession funéraire de Puccini passant sur la Place Royale de Bruxelles
Procession funéraire de Puccini passant sur la Place Royale de Bruxelles © Getty Images – New York Times Co.

Et comme on peut le lire dans les colonnes de l’indépendance belge : "Tout est calme dans la grande maison silencieuse où les religieuses en robe blanche glissent comme des mouettes sur la vague lourde de la souffrance humaine. Au-dehors, le rythme normal de la vie continue avec ses contrastes. À quelques pas, un orgue moud les premières mesures d’une valse qui, mélancolique et joyeuse, apporte en la grisaille cette après-midi d’hiver, la tendresse, la fraîcheur d’une grappe de lilas d’où tombent des gouttes de rosée sous le coup d’aile de la brise."

Pour aller plus loin :

Carner, Mosco. Puccini. Paris : Jean-Claude Lattès, 1983.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous