Ce film est une enquête historique formidable au cœur de l’Europe de l’après-guerre sur les traces de ces milliers d’enfants du chaos et donne la parole à certains d’entre eux. Près de 70 ans après les faits, leurs témoignages sont bouleversants. Pour la première fois, ils racontent, les yeux souvent embués de larmes, leurs incroyables histoires méconnues encore jusqu’à il y a peu.
On découvre ainsi l’histoire de Janusz enlevé à l’âge de 10 ans par la Gestapo à sa famille en Pologne pour être envoyé en Autriche et enrôlé au service de la machine de guerre nazi. Ou celle d’Anna enlevée, elle aussi, à sa naissance en Pologne et confiée à une famille autrichienne avant d’être arrachée à cette famille et rapatriée en Pologne après la guerre dans ce pays où elle n’avait aucune attache affective. On découvre aussi les témoignages poignants de Ronia et Georges, enfants juifs miraculeusement épargnés de l’extermination et qui ont dû se débrouiller seuls dans le chaos d’après-guerre. " C’est important de connaître sa vraie histoire, pas celle qu’on nous crachée à la figure", raconte aussi Gina, orpheline ballottée entre la Belgique, l’Allemagne et la France.
Les réalisateurs ont eu accès également à des formidables archives : les journaux intimes de femmes, médecins, assistantes sociales ou bénévoles qui étaient chargées, au lendemain de la guerre, de venir en aide aux enfants réfugiés. Leurs carnets racontent l’ampleur du drame vécu par ces milliers d’enfants. Grâce à des évocations extrêmement bien faites, ce film redonne ainsi voix à ces femmes humanitaires qui travaillaient, entre autres, pour l’Administration des Nations Unies pour le secours et la reconstruction. A travers leurs récits minutieusement consignés dans ces carnets, le film raconte comment l’Allemagne nazie a organisé durant la guerre une opération de " germanisation des enfants ", par un kidnapping massif d’enfants de moins de 6 ans dans les pays de l’Est, dont la Pologne. La plupart d’entre eux étaient confiés ensuite à des familles allemandes ou autrichiennes. 300.000 enfants des pays de l’Est auraient ainsi disparu pendant la guerre. Ce sont ces femmes humanitaires qui étaient chargées après la guerre de retrouver les traces de leur famille d’origine. D’autres, comme cette assistante sociale tchèque, étaient chargées d’aider des milliers d’enfants juifs orphelins à reconstruire leur vie brisée.
D’un bout à l’autre, ce documentaire est à la fois passionnant et bouleversant par la force inouïe des témoignages. Des témoignages indispensables à faire entendre, aujourd’hui plus que jamais !
Une coproduction Elephant Doc – Vertigo – Kwassa Films – Polish Film Institute – la RTBF – CANAL + Poland – Lutetia Arabians.