Nous sommes le 17 février 1974. La nuit est tombée sur Madrid. Le marquoir du stade Santiago Bernabeu affiche un score de forfait, cinq buts à zéro … ou plus exactement zéro but à cinq.
Le Real Madrid, le club qui domine le football espagnol depuis près de vingt ans, vient de subir une correction. Les Madridistas font grise mine. Leur bourreau est leur pire ennemi, le FC Barcelone.
Ce soir, c’est plus qu’un match de football qui s’est joué dans la capitale espagnole, c’est un acte de rébellion ! C’est la révolte d’un homme, à qui l’administration refuse le prénom de son fils.
C’est le réveil d’un peuple, privé de sa langue, de sa culture et de ses droits depuis plus de trente ans. Le meneur des rebelles a des cheveux longs, il est rapide comme le vent, agile comme un chat. Il vient d’Amsterdam et est âgé de 26 ans. Il porte les initiales du Christ.
Johan Cruyff a fait le choix de quitter sa maison, le grand Ajax, avec lequel il vient de remporter trois coupes des clubs champions européens, pour rejoindre le FC Barcelone, un club qui est à la recherche de son glorieux passé.
Le Batave n’ignore pas que l’Espagne est une dictature quand il débarque en Catalogne, accueilli comme une rock star. Il va très vite être confronté à la réalité.