Tour de France

2-2-2-1 : Wout van Aert, ou l’art de repousser ses propres limites

Wout van Aert, vainqueur de la 4e étape du Tour de France.

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4e étape : Dunkerque > Calais : Victoire de Wout van Aert

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Un récital, une démonstration, un coup de force. Appelez-le comme vous voulez mais ce qu’a réalisé Wout van Aert sur la 4e étape du Tour de France restera probablement dans les annales. Lui, l’éternel 2e, condamné aux places d’honneur depuis le début de cette édition 2022, qui a pris ses responsabilités pour conjurer le sort et anticiper le sprint.  Et, au final, s'offrir une victoire en jaune, la première pour un Belge depuis Freddy Maertens, 1976.

Je ne m’attendais vraiment pas à me retrouver seul.” Au moment de revenir, à chaud, sur le récital monstrueux qu’il vient de proposer, van Aert fait ... du van Aert. Aucune raison de se débiner, ce serait mal connaître le personnage, il répond avec franchise et humilité aux questions des journalistes.

Seul, van Aert s’est pourtant retrouvé à quelques encablures du sommet du Cap Blanc-Nez, un 4e catégorie a priori sans histoires. Quelques hectomètres plus tôt, peut-être sur demande du maestro en personne, le collectif de la Jumbo-Visma avait mis le feu aux poudres.

Tous en rang d’oignon, le visage fermé et secrètement prêts à tout faire exploser. Le fidèle Nathan Van Hoydonck a été le premier à se mettre en branle. Puis, c’est Tiesj Benoot qui a pris le relais, égrenant ce qu’il restait d’un peloton hébété. Un coup de force collectif, fomenté en coulisses depuis de longues semaines : “Nous avions planifié notre attaque. Chaque année, nous étudions le parcours du Tour dans les moindres détails et nous savions qu’il y avait quelque chose à faire aujourd’hui" expliquait Van Hoydonck après l’arrivée.

Par la force des choses et grâce au travail de sape de ses coéquipiers, van Aert s’est donc retrouvé seul. Seul sur sa planète d’extraterrestre. Que faire ? Attendre et épauler son co-leader Jonas Vingegaard, seul rescapé du raid offensif avec Simon Yates. Ou foncer, seul, tête baissée vers une victoire qui aurait tout aussi bien pu se dérober sous ses pieds.

“J’ai un peu hésité. Mais en y allant à fond, je mettais aussi Jonas Vingegaard et les autres dans une bonne position. J’ai continué tout seul et à partir de ce moment-là c’était 10 kilomètres à fond” expliquait-il au micro de Jérôme Helguers.

Seul face au peloton : tenir bon ou faire une croix sur la victoire

10 kilomètres dans la position ingrate du chassé. Seul face à une horde de battus, lancés à sa poursuite. Seul face à lui-même. Seul pour conjurer le sort et envoyer valser ces foutues 2e places dont il était devenu coutumier, malgré lui, en terres danoises. En mode machine, il tiendra jusqu’au bout. Ne laissera même pas l’opportunité au doute de le gagner puisqu’il ne perdra quasiment rien sur le peloton. ""Je me suis senti voler dans les 10 derniers kilomètres. Remporter une étape de cette manière, avec le maillot jaune, c’est beau !" analysait-il, un sourire serein aux lèvres, après l'arrivée.

Un exploit XXL pour un homme qui s’est dit "lassé" des sprints collectifs et qui avait donc décidé d’anticiper. De quoi susciter, aussi, l’admiration de ses pairs : “Dans mon groupe on était pratiquement à 90 km/h dans le faux plat descendant, ce qui veut dire qu’il a roulé, tout seul, au moins à la même vitesse que nous. C’est assez impressionnant” détaillait son ainé, Philippe Gilbert.

Impressionnant, Magic van Aert l’a effectivement été ce mardi. Il en a profité pour enquiller sa 4e victoire personnelle sur la Grande Boucle. Après le Ventoux, le chrono de Saint-Emilion et le sprint sur les champs Elysées, il a donc montré une nouvelle facette de sa formidable polyvalence. Plus que quiconque, van Aert semble capable de gagner partout, dans toutes les circonstances. Et dire que mercredi, le peloton empruntera les routes pavées entre Lille et Arenberg. Le terrain de chasse préféré d'un WwA qui semble bien décidé à repousser ses propres limites à un rythme effréné.

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