Après une nuit, plus courte que d'habitude, Justine prend son petit déjeuner puis se prépare à quitter Paris pour Bruxelles. Elle a appris que "quelque chose" se préparait mais sans vraiment en connaître les détails. Le premier moment de surprise, elle le vit à l'approche du ring.
Elle se souvient :" Nous étions dans la voiture quand une escorte de huit motards s'est portée à notre hauteur. Lorsque nous entrons dans la ville, ils bloquent les voitures à notre passage. Je trouve cela complètement surréaliste."
Une entrée dans la capitale digne d'un chef d'état. Elle est accueillie pour les autorités de la Ville, mais très vite, elle est prise d'un stress incontrôlable. Et si la Grand Place était déserte ? Personne ne lui a confié que le public avait déjà rejoint la capitale pour la fêter.
L' instant d'après, la crainte fait place à la surprise. " Quand les portes se sont ouvertes et que j'ai vu cette Grand-Place noire de monde et tous ces gens qui, en quelques heures, se sont décidés à venir partager ce moment avec moi, j'ai trouvé cela inimaginable. Aujourd'hui encore, j'en ai des frissons parce que je ne savais pas à quoi m'attendre."
Le public scande son nom, les drapeaux tricolores sont agités, une douce folie estivale s'est emparée de la Grand-Place. Sa devise : " Ne rien attendre, s'attendre à tout." prend tout son sens en une fraction de seconde. Justine ignorait tout de ce qui s'était passé en Belgique pendant sa quinzaine parisienne.
Elle ne peut pas comprendre un tel engouement...pour un sport individuel et pourtant, plus de dix mille personnes l'ovationnent au pied du balcon de l'Hôtel de Ville. " Je n'avais pas préparé de discours, je savais aussi que je n'allais pas prendre le micro comme Eden Hazard, je ne pouvais pas être dans ce style-là. Moi, j'étais jeune et dans le contrôle. Aujourd'hui, je ne sais pas ce que je dirai mais je serai plus connectée à mes émotions. Mais à l'époque, ce genre de situation me faisait peur. J'avais besoin de me protéger, d'avoir une carapace autour de moi, quelque chose dont je n'ai plus besoin à présent."
Justine marque un temps d'arrêt puis enchaîne : " J'étais terriblement émue mais c'était difficile à faire partager. J'ai senti aussi le malaise de Carlos face à cette ferveur populaire. C'était aussi très compliqué pour lui. Il est très pudique comme moi."
Cette communion avec les supporters belges reste un moment particulier. " Partager, c'est merveilleux, mais on est pas préparé à ce genre de situation. Quand vous montez sur le terrain, quand vous rentrez dans l'arène, vous gérez la situation, à la Grand-Place, ce n'était pas le cas."
Emue, Justine conclut :" J'ai compris à ce moment-là ce que le sport pouvait générer comme sentiment dans la vie des gens. Maintenant, j'en ai vraiment pris conscience. Je me dis que j'ai une chance immense de faire un métier qui génère de telles émotions, c'était une chance incroyable !"