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2023 sera l’année du paillage dans les parterres et au potager

Pailler le sol, un geste maintenant indispensable au jardin.

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Connaîtrons-nous à nouveau un été caniculaire et une sécheresse profonde ? De plus en plus de jardiniers adaptent leur travail pour mieux affronter ces conditions extrêmes. Le paillage devient une pratique incontournable aux multiples avantages.

En parcourant le Vasterival, le jardin normand créé par la princesse Sturdza, les visiteurs sont toujours surpris par l’épaisse couche de déchets végétaux présente dans les plates-bandes. Ce paillage est un des points les plus importants du savoir-faire de la princesse, décédée en 2009. Aujourd’hui, de plus en plus de jardiniers adoptent cette bonne pratique.

Couvrir le sol

Et si nos parterres et le potager vivaient comme une forêt ? Le sol n’y est jamais nu. Il est couvert par une couche de feuilles mortes qui ne s’épaissit pas puisqu’elle est continuellement décomposée par une multitude de micro-organismes. L’humus ainsi produit est incorporé en profondeur par les vers de terre. Transformé en minéraux par les bactéries et les champignons, il nourrit les arbres qui deviennent des géants.

Outre cette fertilisation naturelle, la couverture du sol au jardin a bien d’autres avantages.

Ne portons plus de déchets verts du jardin au parc à conteneurs. Les tontes de gazon, les feuilles mortes, les branches taillées, les herbes indésirables retirées du potager ou des parterres (et qui ne sont pas en graines) peuvent constituer le paillage.
Ne portons plus de déchets verts du jardin au parc à conteneurs. Les tontes de gazon, les feuilles mortes, les branches taillées, les herbes indésirables retirées du potager ou des parterres (et qui ne sont pas en graines) peuvent constituer le paillage. © Getty Images

Les atouts du paillage

  • Le paillage limite le développement des herbes indésirables.
  • L’enrichissement du sol en humus par la décomposition progressive du paillage permet une meilleure rétention de l’humidité.
  • En protégeant le sol des rayons ardents du soleil et du vent desséchant, le paillage permet de conserver l’humidité du sol.
  • Comme le sol ne sèche pas de manière rapide sous le paillage, les végétaux ne subissent pas un stress hydrique qui handicape leur croissance ou favorise une montée en graines trop précoce.
  • La circulation des vers de terre dans ce sol vivant rend la terre meuble. Le travail au potager est plus aisé, tandis que l’eau de pluie pénètre en profondeur auprès des racines.
Le paillage a toutefois un inconvénient. Il constitue un abri diurne tout en fraîcheur pour les limaces. Leur population est moins impactée par la sécheresse.
Le paillage a toutefois un inconvénient. Il constitue un abri diurne tout en fraîcheur pour les limaces. Leur population est moins impactée par la sécheresse. © Getty Images

Les tontes de gazon, première source de paillage

Disponibles en abondance dans les jardins où la tonte traditionnelle avec ramassage est toujours pratiquée, les brins de gazon peuvent former une couverture dense. Attention à l’épaisseur de la couche. Si elle est trop épaisse, l’herbe se tasse et forme une couverture imperméable. Elle apparaît sèche en surface, mais elle est en putréfaction à la surface du sol, produisant des jus acidifiants et toxiques pour les plantes et les micro-organismes. Si on étale l’herbe directement après la tonte, le tapis formé ne doit pas dépasser 2 cm d’épaisseur. Ainsi, les brins sèchent efficacement et se décomposent en quelques semaines.

Si on désire une couche plus épaisse pour mieux conserver l’humidité du sol et éviter les herbes indésirables, il faut d’abord faire sécher l’herbe en l’étendant au soleil. On pourra ainsi former une couverture de 5 cm d’épaisseur au pied des plantes.

Prudence durant les printemps froids. Une mise en place trop précoce du paillage au potager peut constituer une isolation retardant le réchauffement du sol et donc le bon développement des plantes.
Prudence durant les printemps froids. Une mise en place trop précoce du paillage au potager peut constituer une isolation retardant le réchauffement du sol et donc le bon développement des plantes. © Getty Images

Dans les parterres, le broyat des branches

Si l’on possède un broyeur, les tailles de branches et de haies peuvent être étendues au pied des arbustes. L’idéal est de hacher des branches de différents calibres, comprenant de fins rameaux pouvant être munis de leurs feuilles. On obtient ainsi du bois raméal fragmenté (BRF) à la décomposition dynamique.

Maryse a employé du broyat dans son jardin hesbignon. Lors du reportage filmé dans son jardin au début du mois de septembre, le bilan était particulièrement positif.

Les autres matières pour le paillage

Les feuilles mortes ramassées par la tondeuse lors des dernières tontes de l’automne peuvent être étendues dans les parterres et sur le potager avant l’hiver.

A défaut d’herbe tondue, de broyat ou de feuilles mortes hachées, le plus simple est d’étendre de la paille. Des agriculteurs vendent des ballots pour le petit élevage. Des couvertures de sol sont aussi disponibles en sacs dans les jardineries : paille de chanvre, granulés de paille de froment, cosses de cacao, paille de miscanthus…

Jardins & loisirs a visité une exploitation agricole du Brabant wallon produisant de la paille de miscanthus pour le paillage.

Et les écorces ?

Auparavant largement utilisés dans les parterres, les fragments d’écorce de pin des Landes ne sont pas conseillés. Leur large surface induit un ruissellement de l’eau de pluie vers les côtés du parterre. Leur décomposition trop lente entraîne un déficit de l’apport de matière organique. Les sols perdent leur vie biologique et se compactent.

Seuls les fragments d’écorce de tout petit calibre peuvent être complètement humidifiés par les pluies et être décomposés rapidement par les micro-organismes du sol.

L’emploi de fragments d’écorces de conifères au pied des rosiers est à proscrire. Ces écorces libèrent des substances nocives pour ces plantes.
L’emploi de fragments d’écorces de conifères au pied des rosiers est à proscrire. Ces écorces libèrent des substances nocives pour ces plantes. © Getty Images

Du paillage au pied des jeunes arbustes

Il n’est plus opportun de planter des arbres, des arbustes et des rosiers au printemps. Les sujets qui sont vendus en pleine végétation ont l’ensemble de leurs racines concentrées dans le volume de la motte. Ces racines qui doivent encore se développer en largeur et en profondeur ne peuvent pas manquer d’eau pour pouvoir répondre aux besoins de la plante, alors que sévissent vagues de chaleur et sécheresse. Si une plantation est néanmoins toujours effectuée au printemps, un arrosage régulier est nécessaire. Un généreux paillage au pied de l’arbuste maintiendra l’humidité.

C’est parce qu’ils souffrent de la sécheresse durant l’été que beaucoup d’arbustes à la floraison précoce comme les hamamélis, les camélias, les rhododendrons et les azalées ne fleurissent pas au printemps suivant. Par manque d’eau, les boutons floraux en formation avortent ou n’auront pas la capacité de s’ouvrir. Au pied de ces arbustes, un paillage sera également le bienvenu.

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