Jacques Vandenschrick est un poète belge né à Bruxelles en 1943. Il étudie les lettres romanes et la philosophie à Louvain. La formation l’oriente vers l’enseignement et l’écriture. Critique littéraire et chroniqueur à la Revue Nouvelle, l’auteur vient tardivement à l’édition poétique. Vers l’élégie obscure, est le premier recueil. Il le publie en 1986 chez Cheyne qui devient l’éditeur attitré d’un poète couvert de prix. Prix triennal de Poésie de la Communauté française de Belgique en 1998. Livré aux géographes reçoit le Prix Marcel Thiry en 2019. Tant suivre les fuyards obtient le Grand Prix de Poésie de l’Académie royale, le 11 mars 2023.

La fuite

Jacques Vandenschrick ne donne ni dans la réflexion désincarnée ni dans la rêverie romantique. Le " je " absent se fait regard sensible et distancié sur le monde et en l’occurrence dans le recueil, Tant suivre les fuyards, porté sur la fuite. Elle n’est ni l’errance sans but ni l’exil qui diffère le retour dans la patrie. Le fuyard ne se soucie pas de la géographie. Il ne se soumet pas à l’inacceptable, la pauvreté extrême ou la domination aliénante. Il entreprend la traversée en quête d’un ailleurs rêvé. Nous ne savons presque plus rien de cet ailleurs soupçonné de n’exister pas et qui jamais ne s’acquiert.

La traversée

Tout se traverse, trois mots extraits de Livré aux géographes, le recueil précédent. L’espace est ponctué de lieux décontextualisés. Des cols, des rocs, des gouffres, des pierres dressées, des puits, des chemins … apparaissent telles des essences du paysage traversé par des êtres qui ne sont pas nommés quoi que bien réels, et font figure de personnages allégoriques. Ils rejouent le combat de Jacob avec l’ange. Les mots évoquent des images tirées des temps immémoriaux : un frère usurpé, la vengeance redoutée, une blessure à la hanche, un enfant perdu qui se relève en boîtant …  L’espace et le temps ainsi posés projettent la figure du fuyard dans une mémoire ancestrale qui charrie l’énigme du monde. En abordant la fuite, Jacques Vandenschrick évoque la condition humaine. Tout homme est en fuite !

Gaspillant leurs éclats, épuisant leurs lueurs, la mémoire et les livres s’effaceront. Et les petits enfants, dans leur sommeil de pharaon, paraîtront mal se souvenir de cette saison de mots et de marbre. Maintenant qu’une autre nuit est tombée sur la charité grise des villages, on n’entend plus que le grelot d’une fontaine.

Jacques Vandenschrick au micro de Pascal Goffaux.

21 mars, Journée mondiale de la poésie, avec le poète Jacques Vandenschrick

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous