Sur le papier, oui, c’est possible. Mais ce n’est pas nécessairement souhaitable. C’est en tout cas l’analyse de Bertrand Candelon, professeur de finances internationales à l’UCLouvain. Il explique la façon dont on pourrait bloquer les prix et les conséquences : "Si on bloque les prix, deux possibilités : soit on dit distributeur 'on vous paye à 1,40 € le prix de l’essence', dans ce cadre-là s’il achète sur les marchés internationaux, si son coût de revient est au-dessus de 1,4€, il va perdre. Donc à un moment, ça ne va pas aller. Ou alors l’Etat va compenser cet écart, mais alors là ça va rentrer dans les finances publiques. Dans les deux cas, bloquer les prix, ça n’a jamais marché. C’est une mauvaise idée. L’État ne peut pas se substituer au marché. Sinon, le déficit public va se retrouver dans nos impôts. Il y a des vases communicants, on ne peut pas décider d’un jour à l’autre d’imposer les prix. Rappelez-vous les prix imposés en 1980 dans l’ancienne URSS, ça ne marchait pas."
Pour le moment, aucun pays de l’Union européenne ne bloque les prix à la pompe. Au mieux, comme en Pologne ou en Bulgarie, la TVA et les accises sont limitées à leur taux plancher, un taux imposé par l’Union. Et malgré cela, les prix y sont largement supérieurs à 1,40€ : à Varsovie ou à Sofia, le litre de carburant tourne autour de 1,70€ (en date du 27 juin 2022). S’il n’y a pas de blocage de prix, certains gouvernements ont pris des mesures.
Si vous prenez la route, cet été, privilégiez peut-être l’Allemagne, au lieu du traditionnel passage par le Luxembourg. Outre-Rhin, les accises ont baissé de 30 centimes sur l’essence et de 14 centimes sur le diesel. Et les prix y sont actuellement légèrement moins chers qu’au Grand-Duché. D’ailleurs, si vous continuez votre route sur un axe sud-est, Allemagne, Slovénie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Bulgarie, Turquie, vous avez quasi tous les pays du continent qui tentent de maintenir au plus bas les prix des carburants. En Turquie, le litre est à 1,56€.