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5 ans après le début de la crise du scolyte le petit insecte ravageur grignote encore le bois wallon

Des épicéas dans le cantonnement de Florenville, certains scolytés, en bordure d’une parcelle rasée pour arrêter la pullulation de scolytes.

© RTBF – Anaïs Stas

Par Anaïs Stas

Du haut de ses 5 mm il a fait trembler les forestiers des forêts wallonnes, et plus encore de Gaume, le scolyte de l’épicéa a fait des ravages dans les peuplements ses 5 dernières années. L’insecte est toujours bien présent dans nos forêts même si depuis 2021 et l’été pluvieux, l’épidémie perd en intensité.

Le scolyte a toujours été présent là où il y a de l’épicéa, mais plusieurs années de sécheresse lui ont permis de pulluler. "L’épidémie a commencé en 2018" rappelle Quentin Leroy de l’Observatoire Wallon de la Santé des Forêts (OWSF). "Cette année-là on est passé d’un volume de bois scolyté d’environ 10.000 m³ par an à 500 000m³. Ce chiffre va augmenter jusqu’en 2020 où on a atteint le pic de l’épidémie avec plus d’un million de mètres cubes. Depuis l’été pluvieux de 2021 les volumes diminuent. Cette année on devrait tourner à environ 120.000 m³. Nous sommes donc toujours en phase de régression". Les volumes de bois ravagés par le scolyte sont donc encore dix fois supérieurs à la normale mais la situation tend à se normaliser.

Quentin Leroy de l’Observatoire Wallon de la Santé des Forêts (OWSF).
Quentin Leroy de l’Observatoire Wallon de la Santé des Forêts (OWSF). © RTBF – Anaïs Stas

"Il n’est pas exclu, et c’est normal dans ce type d’épidémie, d’assister localement à des dégâts importants. Il est donc essentiel que les forestiers puissent repérer les premiers signes d’une infestation pour réagir rapidement et endigué le phénomène". D’autant plus qu’actuellement les forestiers s’y retrouvent financièrement. Au début de la crise du scolyte, le marché du bois était saturé, les prix se sont effondrés. Aujourd’hui la demande est forte et même des bois scolytés trouvent facilement acheteurs.

Les galeries de scolytes sous l’écorce de l’épicéa. Le scolyte typographe tire son nom du dessin de ses galeries qui partent à la verticale d’une galerie mère comme les lignes d’un livre.
Les galeries de scolytes sous l’écorce de l’épicéa. Le scolyte typographe tire son nom du dessin de ses galeries qui partent à la verticale d’une galerie mère comme les lignes d’un livre. © RTBF – Anaïs Stas

La Gaume particulièrement touchée

La Gaume a été très impactée par la crise du scolyte. "Les raisons sont multiples : le climat particulièrement chaud et sec de la Gaume, d’importants peuplements d’épicéas en monoculture, l’épidémie de la peste porcine africaine (qui a empêché les forestiers de travailler efficacement dans leurs peuplements)". Le résultat est là. Après 5 années de crise du scolyte des pans entiers de forêts ont disparu. "Ce sont à chaque fois des plaques de plusieurs hectares qui sont rasées mais mises bout à bout les chiffres sont colossaux". Il est toujours difficile d’obtenir des chiffres précis entre parcelles privées et publiques, mais du côté de la forêt de Mellier le chiffre de 1000 hectares rasés est avancé, soit 10 kilomètres carrés.

Une parcelle d’épicéas rasée pour endiguer la propagation du scolyte dans la forêt des Epioux.
Une parcelle d’épicéas rasée pour endiguer la propagation du scolyte dans la forêt des Epioux. © RTBF – Anaïs Stas

Une crise sans précédent

On estime que les pullulations de scolytes se produisent environ tous les vingt à vingt-cinq ans, mais jamais elles n’avaient pris une telle ampleur dans notre pays. "C’est même une grande partie de l’Europe qui a été touchée". Deux facteurs ont été déterminants : le climat et la monoculture. "Excepté 2021, les sécheresses s’enchaînent depuis 2015. Le scolyte a donc pu profiter du climat chaud et sec pour se développer. Il n’a rencontré aucune résistance de la part des arbres. Les épicéas étaient affaiblis et incapables de se défendre". L’insecte a aussi eu beaucoup de facilité à se propager dans les grandes parcelles de monoculture d’épicéas. "On a facile maintenant de refaire l’histoire. A l’époque, planter de grandes parcelles d’épicéas semblait une bonne idée, très rentable. On sait maintenant avec le recul, l’expérience qu’il faut rendre nos forêts plus résilientes, les diversifier". Un point d’autant plus important qu’avec le changement climatique les cycles de pullulation pourraient s’enchaîner plus rapidement.

Il y a encore de nombreux épicéas scolytés dans nos forêts.
Il y a encore de nombreux épicéas scolytés dans nos forêts. © RTBF – Anaïs Stas

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