Cinéma

5 documentaires à découvrir absolument au Brussels Art Film Festival

"The Painter and the Thief" de Benjamin Ree

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Du 10 au 14 novembre, le BAFF propose une série de passionnants documentaires sur la création artistique.
 

Voilà maintenant 21 ans que le BAFF existe. Entièrement dédié aux documentaires sur l'art, ce festival bruxellois dévoile chaque année une série de films venus de Belgique et d'ailleurs qui nous font découvrir des artistes, des mouvements et des regards différents. Peinture, musique, danse, sculpture, performance, architecture, photographie, littérature, théâtre, mode, y sont abordés sous différents modes et différents formats. Cette année, 16 films belges sont en compétition officielle, tandis que 11 documentaires internationaux, la plupart en avant-premières, font partie de la section Panorama.

Parmi tous les films qui seront projetés pendant ces quelques jours, nous en avons sélectionné 5 à ne pas rater.

Histoire d'un regard

de Mariana Otero, 90 minutes
Bozar Studio (Bruxelles), le jeudi 11 novembre 2021 (18h00)


Le documentaire de Marina Otero nous entraîne sur les pas de Gilles Caron. Fascinée par le travail du photojournaliste français, qui a mystérieusement et brutalement disparu au Cambodge en 1970 alors qu'il n'avait que 30 ans, la réalisatrice a entrepris d'aller là où il a saisi les mouvements du monde pendant sa courte carrière : à Paris, en Irlande du Nord ou encore à Jérusalem. Ses quelque 100000 photographies sont autant d'indices que le film utilise dans son passionnant travail d'enquête pour tenter de comprendre l'homme, comprendre sa disparition, mais surtout comprendre son regard. Que peut-on savoir, 5 décennies après sa volatilisation, de ses prises de position, de sa façon de voir le monde, de sa conception de l'art visuel ? Brassant l'histoire intime du photographe, l'histoire des luttes du XXe siècle, mais aussi sa propre histoire, la documentariste n'a de cesse de nous interroger dans cette œuvre émouvante et terriblement stimulante.

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In A Silent Way

de Gwenaël Breës, 88 minutes
Cinematek (Bruxelles), le vendredi 12 novembre 2021 (19h00)
Plaza Arthouse Cinema (Mons), le dimanche 14 novembre 2021 (16h30)


Le journaliste et réalisateur Gwenaël Breës a une envie : consacrer un documentaire au groupe Talk Talk et à son énigmatique chanteur, Mark Hollis, qui s'est progressivement éloigné de la pop commercial des années 80 et de la scène. Mais ce désir fait vite face à un obstacle en apparence insurmontable : non seulement le chanteur ne veut pas lui accorder d'interview, mais il lui refuse aussi le droit d'utiliser ses chansons. Plutôt que d'abandonner son idée, le cinéaste s'embarque dans le projet gentiment fou de faire un documentaire sans son sujet. Sillonnant les côtés anglaises avec une petite équipe de tournage, il jette à sa manière un peu de lumière sur ce groupe qui préfère rester dans l'ombre. Au gré des rencontres — avec des fans, des collaborateurs de Hollis, mais aussi des quidams qui n'ont qu'une vague idée de ce qu'est Talk Talk — il crée un portrait décalé, mélancolique, un peu punk et souvent expérimental de ce musicien à part. En quête de l'artiste, le film prend plaisir à s'égarer sur des chemins de traverse, et nous de nous y perdre.

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The Painter and the Thief

de Benjamin Ree, 102 minutes
Cinéma Palace (Bruxelles), le mercredi 10 novembre 2021 (19h00)


C'est sur un fait divers que démarre le documentaire de Benjamin Ree “The Painter and the Thief”. Un vol pour être exact, dans une galerie d'art d'Oslo où deux tableaux de l'artiste tchèque Barbora Kysilkova ont été dérobés. Malheureusement pour les voleurs, leurs crimes a été enregistrés par des caméras et malheureusement pour l'artiste, ils affirment ne pas savoir ce qui y est arrivé à leur butin. Le fait divers aurait pu en rester là, mais Kysilkova demande à l'un des deux coupables, un toxicomane du nom de Karl-Bertil Nordland, de poser pour lui, ce qu'il accepte. De là se tisse une relation étrange et émouvante entre l'artiste et sa muse. Filmant ces deux êtres qui se sont trouvés un peu par miracle au plus près de leurs corps, le documentariste nous place aux premières loges de leur fascinante dynamique.

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Serendipity

de Prune Nourry, 74 minutes
Cinematek, le samedi 13 novembre 2021 (17h)


Il serait absurde et cruel d'affirmer que le cancer du sein de la réalisatrice, artiste plasticienne et sculptrice Prune Nourry est un heureux hasard, mais il y a quelque chose du destin dans sa maladie. C'est en tout cas ce que semble penser la jeune artiste française, dont l'œuvre a énormément porté sur le corps féminin, la fertilité et la souffrance. Fascinée par les liens qui s'opèrent entre son travail artistique et son cancer, elle a choisi de transformer son épreuve médicale en une épopée artistique, documentée par le cinéma. Avec l'humour qui caractérise son œuvre (elle est notamment la conceptrice d'un bar à sperme !), elle s'attarde sur les différentes installations qu'elle a créées au fil des années, mises en parallèle avec son récit intime. Le résultat est un fascinant autoportrait de l'artiste, parfois irritant, parfois émouvant.

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Over the top

de Justine Cappelle, 21 minutes
ISELP, le samedi 13 novembre 2021 (14h), avec les courts-métrages Don't Rush et Murmur.

Dans ce court-métrage frénétique, la réalisatrice Justine Cappelle jette un regard mordant sur Floris Boccanegra, un artiste ambitieux qui veut placer au sommet de la pyramide de Gizeh une épitaphe à l'humanité. D'emblée, le projet paraît vaniteux : convaincu que ce coup d'éclat lui permettra d'obtenir le succès et la reconnaissance artistique auxquels il aspire tant, le jeune homme n'a de cesse de parler de buzz. En guise de commentaire, le court-métrage colle des filtres Snapchat à son visage, complète ses propos par des hashtags et multiplie les effets de montage sauce internet. Est-il le complice ou la victime de cette mascarade autour de sa personne ? Difficile de le savoir. En abordant son travail d'une façon aussi décapante, le court-métrage lui apporte en tout cas un intérêt supplémentaire. Il y a quelque chose de réjouissant dans ce petit morceau de cinéma qui fait coexister le culte de l'image à l'heure des réseaux sociaux avec la permanence millénaire des pyramides.

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