5 rendez-vous incontournables si vous passez dans les Hautes Alpes au parc naturel régional du Queyras

Enfant, Jean-Pierre Labonde passait ses vacances à Château Ville-Vieille, dans cet environnement sauvage ponctué seulement d’une petite vingtaine de villages et hameaux queyrassien.  " Dès le printemps et jusqu’à l’automne, nous cueillons fruits et fleurs dans la nature pour les transformer dans notre atelier artisanal, explique celui qui se définit comme à la fois liquoriste, confiturier, tisanier et sirupier. Je m’inspire des recettes ancestrales, je suis cuisinier à la base. " Adrien ne se prive pas pour goûter sa confiture d’épine-vinette et de marmottier sauvage. Une espèce endémique du Queyras et du Briançonnais. Typique certes, le génépi ici produit, mais ce dont Jean-Pierre semble le plus fier, c’est sa liqueur de mélèze. Il tire aussi des sirops de cette essence forestière qui couvre l’ensemble des massifs jusqu’à plus de 2000 mètres. Le mélèze est une espèce colonisatrice des sols nus. Avide de lumière, le mélèze s’est généralisé sur les pentes avec l’exode rural de la fin du XIXème siècle, quand les gens de la terre abandonnèrent leurs pâturages pour exercer des métiers de bouche à Marseille ou Lyon. En 1835, le Queyras comptait plus de 8000 habitants ; ils sont quatre fois moins nombreux aujourd’hui.

Ici, l’hiver dure six mois, idéal pour progresser en silence sur le manteau neigeux au cœur des vallons, dans les sous-bois tranquilles ou sur des pentes plus raides en contournant les barres rocheuses. Sébastien Fourrure, enfant de Saint-Véran, plus haut village perché d’Europe à 2040 mètres, est guide de haute montagne. Selon le niveau de chacun, d’une demi-journée au raid de plusieurs jours, il emmène de petits groupes en ski de randonnée, là où personne ne va. " Pour ne pas déranger les animaux sauvages, certaines zones sont interdites d’accès ", explique le montagnard dont les skis se parent pour cette pratique de peaux synthétiques, sorte de chaussettes anti-recul, pour progresser dans la pente. Le Queyras compte ainsi de véritables sanctuaires. La réserve biologique intégrale d’Assan ainsi que la réserve naturelle de Ristolas-Mont Viso, entre autres.  Ce Mont Viso qui culmine à 3841 mètres en territoire italien mais qui fait ici la pluie et le beau temps, mais surtout la neige. Il est l’emblème de ce territoire apprécié du loup et du chamois.  " Ici, vu qu’on démarre à 2000 mètres s, on emmène facilement les gens jusqu’à 3000 mètres si leur niveau le permet. On emporte toujours avec nous un équipement assurant la sécurité de chacun. " Sébastien explique à Adrien le fonctionnement de l’arva, la manière de sonder la neige avec sa perche escamotable, ou encore comment son sac à dos peut se transformer en ballon gonflable pour rester au plus près de la surface en cas de coulée surprise de neige.

Pour l’escalade sur glace, autre activité nature, piolets et les crampons remplacent bâtons et planches. Damien Tron équipe aussi Adrien d’un baudrier : " Cette pratique figure dans le top 10 des activités en pleine nature. " Le site de Ceillac est le spot le plus prestigieux ; le village d’Aiguille permet d’initier notre animateur ; il s’en tire plutôt bien. 

Aujourd’hui, bien équipé, les conditions météo, la neige et le gel ne sont plus des obstacles à la pratique du vélo. En saison de ski, l’activité vélo se développe en moyenne et haute montagne. Surtout dans le Queyras où le ski alpin se fond dans des stations-villages qui n’ont rien à voir avec le gigantisme d’autres spots où les paysages et massifs forestiers souffrent de la ruée vers l’or blanc. " On skie au naturel dans quatre stations familiales ", souligne Valérie Garcin présidente de la régie des stations du Queyras.

Le vélo à assistance électrique permet ainsi de partager la grimpée du col de l’Izoard, fermé à la circulation en hiver, avec d’autres usagers de la montagne. Une bande est dédiée aux cyclistes, en parallèle aux fondeurs et autres randonneurs avec ou sans raquettes.  Cyril Ac’h est accompagnateur en montagne et surtout moniteur vtt à Guillestre. " Equipé de pneus plus larges et légèrement sous-gonflé, on pratique sur des routes et pistes damées ", explique le loueur à Adrien. Ce dernier se voit invité à modifier la hauteur de la sortie de selle pour gagner en maîtrise. " Le cintre est aussi bien large pour garder un meilleur contrôle sur la roue avant. Le but n’est pas la performance, mais bien le fun. "  Sensations de liberté garantie une fois seul au milieu de la casse déserte de l’Izoard.

François Blanc, associé avec deux frères habitant la même vallée, élève des bovins à Arvieux. Sa production laitière biquotidienne alimente la fromagerie du Queyras qui produit le fameux fromage bleu du même nom, et en lice pour une labélisation AOP. " Nos vaches laitières sont de race tarine avec leur robe couleur marron et le cercle noir caractéristique autour des yeux qui s’accentue l’été et qui leur sert en quelque sorte de lunettes de soleil. Très rustiques, elles donnent un lait très riche en goût, et d’autant plus quand elles profitent des herbages vers le 15-20 mai ", explique François qui a repris l’exploitation familiale. Agiles dans les pentes grâce à leurs sabots adaptés au relief local, ces vaches brunes de taille moyenne ne rivalisent pas en quantité avec d’autres races laitières, mais bien en qualité.  L’AOP convoité permettra d’assurer un revenu correct tiré de la cinquantaine de ruminants choyés car libres de circuler dans l’immense étable. " L’hiver elle bénéficie de notre propre production de fourrage sec. " Il y a aussi un apport de minéraux savamment dosé pour respecter le cahier des charges et fournir un " bleu " propre au terroir.

Ils sont tout-deux éco-guides du Parc naturel régional et veillent au grain. Ces dernières années, en randonnée, hiver comme été, le nombre de pratiquants a explosé sur les plateaux du Queyras. Vers le col Agnel qui mène en Italie, doté de jumelles, sur les flancs des montagnes, on observe facilement des chamois qui se régalent du peu d’herbes séchées dégagées par le vent. C’est là que nous croisons Antoine et Alexis. " On sensibilise au risque d’avalanches et on fait de la prévention afin que les randonneurs ne dérangent pas les animaux. Le silence et le respect sont à nos yeux importants. Nous couvrons cinq zones Natura 2000, une zone de réserve naturelle sur les quelque 3000 hectares du territoire queyrassien. Deux meutes de loups sont aussi présentes, ils partagent ces grands espaces avec le lièvre variable, le tétras-lyre et le lagopède pour ne citer que ces espèces. Ces animaux ont besoin de quiétude pour affronter les rigueurs de l’hiver et assurer leur reproduction dès l’arrivée du printemps. "

Nous quittons nos éco-guides et suivrons leurs recommandations. Grandeur Nature l’exige.

Une destination accessible depuis Bruxelles-Midi avec le TGV Inoui.

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