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5000 $ pour une place de concert : la tarification dynamique deviendra-t-elle la norme ?

Kanye West Performs At The Forum

© Kevin Winter – Getty Images

Les prix des billets pouvant grimper jusqu’à 5000 $ lors du concert de Bruce Springsteen ont relancé le questionnement sur la tarification dynamique.

Récemment, la stratégie de tarification dynamique a été appliquée au concert de Burce Springsteen dans le cadre de sa tournée de 2023, ce qui a entraîné des prix de billets assez colossaux qui ont parfois grimpé jusqu’à 5000 $ pour les meilleures places. Forcément, les fans se sont indignés et l’ont interpellé, comme il en a été pour Harry Styles, Drake, Taylor Swift, Kanye West ou encore Paul McCartney qui ont adhéré à la stratégie aussi. Mais ce modèle de tarification doit-il réellement susciter l’indignation ? Deviendra-t-il la norme concernant les concerts ?

La tarification dynamique est le plus souvent associée aux compagnies aériennes ou encore aux hôtels. Par exemple, dans l’avion, vous vous êtes sûrement déjà retrouvé.e à côté d’une personne qui a payé moins que vous parce qu’elle a réservé plus tôt. Quant aux hôtels, ils s’en servent pour déterminer le prix pour une nuit donnée. L’Encyclopédie illustrée du marketing définit la pratique comme étant "un mode de fixation et d’optimisation des prix par lequel les prix varient plus ou moins fréquemment de manière dynamique et automatique (parfois jusqu’à plusieurs fois par jour) en fonction de différents paramètres (stock, disponibilité…) ou de contextes (données clients, concurrence, conditions météo, demande etc.)."

Ce modèle de tarification prend de plus en plus en charge la billetterie d’événements sportifs et de concerts. Dans ce cadre, le prix est fixé en fonction de la demande : si cette dernière augmente, les prix aussi. Dans le cas du concert de Springsteen, le prix moyen des billets vendus était de 262 $. Seulement 11% des billets ont été destinés à des ajustements de prix en fonction de la demande. Le reste s’est vendu à prix fixe. En optant pour ce modèle de tarification, le supplément d’argent va en fait aux artistes (qui ont tendance à sous-évaluer leurs billets pour ne pas paraître gourmands), aux salles, au promoteur et aux fournisseurs de billets, comme Ticketmaster.

L’objectif de la tarification dynamique est de contrer les plateformes de revente telles que StubHub ou SeatGeek qui ont déjà tendance à fortement majorer leurs prix pour faire des bénéfices. De plus, ce serait un moyen précis pour déterminer la véritable valeur marchande d’un billet de concert.

C’est qui qui décide ?

Selon Bob Lefsetz, analyste dans l’industrie musicale, en ce qui concerne la tarification dynamique, "Il est important de se rappeler que c’est l’artiste qui dit à Ticketmaster que c’est ce qu’il veut faire, et non l’inverse". Il ajoute que "Les fans doivent se rendre compte que parfois c’est ce que valent ces meilleures places".

Toutefois, certains artistes ont tenté de lutter contre ces prix premium. En 1995, Pearl Jam a défié Ticketmaster en refusant de se produire dans des lieux où la société contrôlait les ventes de billets. Et plus récemment, le groupe a été critiqué par ses fans pour avoir accepté ces prix élevés.

Selon Ron Knox, chercheur principal au groupe de défense Institute for Local Self Reliance, un réel changement n’est possible que si les législateurs limitent le pouvoir de Ticketmaster, considéré comme monopolistique. "Le ministère de la Justice pourrait revoir si la fusion de Ticketmaster et (du promoteur) Live Nation réduit la concurrence, arnaque les spectateurs et intimide les artistes", a-t-il affirmé.

Ron Knox soutient qu’un paysage plus concurrentiel pour la vente de billets d’événements ferait intrinsèquement baisser les prix dans tous les domaines, car les fans ont des revenus qui peuvent s’avérer limités, en particulier à notre époque inflationniste.

Au final, c’est aux fans que la décision revient : si les prix sont trop élevés, le public peut renoncer.

Les prix dynamiques comme norme en Belgique ?

Contrairement aux USA, ou le modèle de la tarification dynamique dans le cadre de concerts est populaire, l’Etat belge a statué sur la problématique. En effet, comme le souligne Moustique, la Belgique s’est penchée sur la question des prix dynamiques dans le cadre des événements et a légiféré : sont interdites la revente régulière de billets ainsi que la revente occasionnelle à prix exorbitants. Mais on ne peut avoir les yeux partout et il peut être difficile d’empêcher ces pratiques.

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