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58 ans plus tard le meurtre de JFK déchaîne toujours autant les passions et les questions

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Par L'oeil de Pierre Marlet

C’était il y a 58 ans aujourd’hui , une annonce qui va bouleverser le monde : celle de la mort du président John Fitzerald Kennedy. Cet assassinat du 22 novembre 1963 déchaîne toujours les passions avec deux questions essentielles : Lee Harvey Oswald est-il bien l’assassin de Kennedy ? A-t-il agi seul ?

 

Depuis plus d’un demi-siècle, on a écrit des milliers de pages sur cette affaire, des centaines d’émissions de radios ou de TV y ont été consacrées et le net regorge d’articles en sens divers, du plus documenté au plus farfelu, sans compter les œuvres de fiction comme le fameux JFK d’Oliver Stone, très critiqué à sa sortie mais qui a aussi été montré aux membres du Congrès. Aujourd’hui encore beaucoup d’Américains doutent de la thèse officielle établie un an après l’assassinat par la fameuse commission Warren. 

Une thèse selon laquelle Lee Harvey Oswald est l’assassin du président et il a agi seul.

 

Pourquoi cette thèse ne réussit-elle pas à emporter l’adhésion ?  

 

Pour une raison évidente : si un réalisateur de cinéma avait proposé à un producteur le scénario tel qu’il s’est déroulé ce jour-là à Dallas, il se serait peut-être fait remballer :

c’est trop gros.

Reprenons : le président américain vient en visite au Texas  et il ne s’attend pas à un trop bon accueil, les services de sécurité sont censés être sur les dents. 

JFK est pourtant assassiné par un homme qui est retrouvé le jour-même : il a tué un policier et s’est réfugié dans un cinéma.

Deux jours plus tard, durant son transfert vers la prison, cet homme, Oswald, est abattu au sein même du commissariat par un propriétaire de boite de nuit Jack Ruby. Lee Harvey Oswald est un ancien marine qui, par amour du communisme, choisit d’aller vivre en URSS. Il s’y marie et revient vivre aux Etats-Unis avec son épouse un peu plus d’un an avant l’assassinat. Un tel va-et-vient au plus fort de la guerre froide est pour le moins interpellant. Vu comme ça on comprend pourquoi on peut douter. 

 

Oswald, le seul assassin de Kennedy ?

 

Et cela pour deux raisons. La première c’est que toutes les pistes contestant cette thèse officielle ont toutes échoué, et ce n’est pas faute d’avoir cherché. Il y a eu le procès instruit par Jim Garrisson, incarné par Kevin Costner dans le film JFK, il y a eu des commissions d’enquête officielles, et puis des spécialistes en pagaille qui ont tenté de présenter une autre thèse que celle de la commission Warren ; beaucoup de pistes, beaucoup d’hypothèses mais rien de probants et pas de preuves.

Quand on cherche autant et qu’on ne trouve rien, c’est parce qu’il n’y a rien. Alors, disent-ils, cessons de sacrifier à la tendance actuelle de vouloir trouver des complots partout. Oswald est le seul coupable, l’affaire est close. 

 

Mais pourquoi a-t-on autant de mal à se faire à cette idée ? Quels sont les éléments qui continuent d’alimenter la discussion ?  

 

Il y en a pas mal mais d’abord et avant tout il y a les circonstances exactes de l’assassinat avec notamment la fameuse théorie de la balle magique.

Le fusil retrouvé dans le dépôt de livres où Oswald est censé avoir tiré est un Mannlicher-Carcano, c’est-à-dire un fusil non automatique. Comme il faut le recharger, il est impossible de tirer plus de trois balles en cinq à six secondes et c’est la durée de tir établie par la commission.

Une des balles a heurté le trottoir, une autre a fait explosé la tête du président, il en reste donc une seule pour expliquer les  blessures du président et du gouverneur assis devant lui, c’est la balle magique qui traverse deux corps et qu’on retrouve quasi intacte sur un brancard. Les experts et contre-experts balistiques se sont affrontés sur ce point sans faire l’unanimité . Il serait bien plus simple d’expliquer tout cela si une quatrième balle avait été tirée de face, dans la tête du président, mais cela signifierait alors qu’il y avait un deuxième tireur… 

 

 

Des questions qui restent en suspens

 

Je n’ai pas de certitudes mais j’ai des doutes et je me demande par exemple ce qui se serait passé si le procès de Lee Harvey Oswald avait eu lieu. Même s’il avait été jugé le seul coupable, on aurait sans doute étalé au grand jour cet extraordinaire amateurisme tout au long de cette affaire 

Quelle addition d’erreurs ! 

Que faisait un patron de boîte de nuit dans le commissariat de Dallas quand on transfère Oswald ? Pourquoi Oswald qui professe des sympathies communistes et revient d’URSS n’est-il pas mieux surveillé ?

Pourquoi a-t-on fait réaliser l’autopsie du président par des médecins inexpérimentés en la matière avec la présence de généraux leur interdisant d’examiner le parcours des balles et les vêtements du président par respect pour son image ?

Pourquoi le dossier militaire d’Oswald a-t-il été détruit par " routine " 10 ans après les faits ? Volonté d’étouffer l’affaire  ou simple accumulation de maladresses? 

Ce qui est sûr c’est que le 22 novembre 1963, l’Etat, la CIA et le FBI ont connu un échec retentissant. En ne jouant pas la nécessaire transparence, en n’examinant pas en détails toutes les pistes, ils ont alimenté une méfiance dont l’Amérique n’est toujours pas remise aujourd’hui.  

 

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