Justice

6 jours après la mort du jeune policier à Schaerbeek, quel est le moral des policiers ?

Presque une semaine après la mort du jeune policier à Schaerbeek, les sentiments se succèdent au sein des forces de police, entre colère, abattement, incompréhension et revendications.

Mardi soir, les syndicats policiers ont manifesté à l’occasion du Te Deum, répétant leur manque de confiance l’égard du ministre de la justice, Vincent Van Quickenborne. "Ce qui est arrivé à Thomas peut nous arriver à tous, confiait une policière lors de la manifestation, c’était une intervention de routine ; on constate qu’en partant le matin, on ne sait pas si on va rentrer dans nos familles le soir".

Pourquoi on me vise, moi qui suis là pour vous servir, pour vous protéger ?

"Il y a une sorte d’incompréhension", confirme, Michaël Jonniaux, le chef de corps de la zone Montgomery, à Bruxelles, invité dans Matin Première. "Le policier est là avant tout pour servir, pour protéger la population. Les milliers de policiers qui sont sur le terrain quotidiennement, c’est pour ça qu’ils ont choisi ce métier. Et en effet, il y a cette colère de se dire " pourquoi on me vise, moi qui suis là pour vous servir, pour vous protéger, moi qui ai une famille qui m’attend quand je rentre ? ".

Les patrouilles les plus exposées, des policiers de terrain plus souvent blessés

Michaël Jonniaux était aussi en poste à Liège au moment de l’attentat contre les deux policières. Pour lui, le travail notamment des polices locales, constamment au contact du citoyen, est un travail dangereux, un métier avec de bons côtés mais à risque.

Ce sont les patrouilles qui sont les plus exposées. "Ils sont attaqués par un auteur, non pas au moment d’un contrôle ou d’une interception, mais tout simplement lors de leur patrouille, parce qu’ils sont policiers, ils sont porteurs de cet uniforme de la police.

Michaël Jonniaux ne s’avance pas sur les chiffres de violences contre les policiers mais constate que, dans sa zone, les policiers sont de plus en plus souvent blessés lors d’interventions : "Nous avons affaire à des rébellions violentes avec des policiers blessés à la clé. Les policiers sont formés tout au long de leur carrière. Mais on reste confronté à des personnes qui n’acceptent pas l’autorité du policier, qui n’acceptent pas d’être contrôlées".

De plus en plus d’interventions à caractère social ou médical

Le métier de policier est peut-être en train de changer : de plus en plus d’interventions comportent un volet médical ou social. Et les débats sur la collaboration ou l’absence de collaborations entre les différents services montrent que ces prises en charge sont complexes.

"On constate vraiment une évolution, avec des phénomènes tels que les violences intrafamiliales, les violences sexuelles, et nous avons aussi le cas de la gestion des personnes atteintes de maladies mentales", confirme Michaël Jonniaux.

80% des interventions de la police aujourd’hui sont des interventions où on attend du policier qu’il soit plus assistant social.

"Ça vaut en Belgique, mais ça vaut aussi à l’étranger. J’ai eu l’occasion, au début de cette année, d’entendre un collègue québécois sur le sujet, qui disait que 80% des interventions de la police aujourd’hui étaient des interventions dans ce cadre-là, où on attendait du policier qu’il soit plus assistant social, voire psychologue, qu’être, excusez-moi l’expression, un Rambo".

Et certes, les policiers sont formés à ces prises en charge "mais ils restent des policiers. Nous ne sommes ni infirmiers ni médecins. C’est très compliqué pour nous de gérer ce genre de situation", conclut Michaël Jonniaux.

Les funérailles de Thomas Monjoie auront lieu ce vendredi 18 novembre à Waremme, avec d’importantes délégations policières et une minute de silence dans les commissariats du pays.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous