Pour supprimer un des deux sites, il ne "suffit" pas d’écouler des bâtiments et des meubles ou d’un vote des parlementaires européens. Il y a plusieurs freins solides qui verrouillent le changement depuis des années.
Il faudrait d’abord lever un frein juridique : les traités européens (les textes fondateurs de l’Union européenne) fixent ce travail dans 3 villes. Strasbourg a été désigné comme siège officiel, Bruxelles comme ville de travail parlementaire et la ville de Luxembourg (où se situent 5 autres bâtiments du Parlement aussi) comme centre administratif.
L’idée initiale avait du sens : les pionniers de l’Europe ont d’emblée choisi d’éviter de centraliser dans une seule ville, un seul quartier, toutes les institutions. Ils voulaient au départ au contraire répartir aux quatre coins du territoire ces lieux où se fabrique l’Europe, pour qu’ils soient visibles et accessibles d’un maximum de citoyens européens. Les fondateurs de l’Europe, en dispersant la Commission, le Parlement, la Banque centrale européenne,… voulaient au départ éviter l’image d’une grosse machine décisionnelle lointaine et inaccessible.
Quant au choix de Strasbourg comme siège officiel, il a été guidé par l’histoire : cette ville frontalière a été tantôt allemande tantôt française au fil de l’histoire. Elle symbolise la réconciliation France-Allemagne, la paix sur laquelle repose le projet européen.
A la loi et au symbole s’ajoutent encore les retombées économiques de la présence d’un siège européen dans une ville : des dizaines de milliers de nuitées d’hôtel, de courses de taxis, de réservations de restaurants dans la région, un rayonnement international. Pour une région, pour un Etat, renoncer à ces bénéfices ne se fera pas sans âpre négociation, et sans contrepartie qui soit à la hauteur de cette présence du Parlement européen, par exemple un autre siège ou une autre fonction européenne pour la ville.