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8 milliards d’humains sur Terre mais tous les pays ne sont pas égaux. Pourquoi ?

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© Thierry Monasse – Getty Images

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Par Himad Messoudi

C’est officiel, selon l’ONU, notre planète compte donc 8 milliards d’êtres humains. Nous n’avons mis que onze ans à passer de 7 milliards de terriens à 8 milliards. Le chiffre est impressionnant, mais cache des disparités entre continents. Les chiffres montrent que la population européenne progresse, mais tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne.

En 2011, les 27 pays de l’Union européenne comptaient 440 millions d’habitants. 11 ans plus tard, nous sommes à quasi 447 millions, ce sont les chiffres d’Eurostat, l’institut européen de statistique.

Premier constat qu’on peut faire, il est simple : en 11 ans, l’Europe n’a cru que de 7 millions de personnes, alors que le reste de la planète augmentait de 993 millions.

Ce chiffre de 8 milliards, il est donc d’abord et avant tout extra-européen, il concerne l’Asie, l’Afrique, beaucoup moins le vieux continent. 7 millions d’habitants en 11 ans, c’est assez peu. Mais surtout, il y a des disparités qu’on n’imagine pas, ici, chez nous.

La Belgique, par exemple, a vu sa population augmenter de 600.000 personnes en 11 ans

Et on pourrait lister une série de pays où les chiffres sont en hausse de façon significative :

3 millions en Allemagne, 2 millions 8 en France, plus d’un million en Suède, environ 1 million aux Pays-Bas. Mais à l’inverse, et vous l’avez déjà compris, un certain nombre de pays ont connu une baisse, parfois très importante, de leur population.

La Roumanie, par exemple, c’est plus d’un million d’habitants en moins. La Bulgarie, c’est 530.000 personnes en moins, la Pologne, plus de 400.000, la Hongrie, quasi 300.000. La Lettonie, elle, a perdu, en 11 ans, 10% de sa population. 10%.

Si on devait appliquer cette évolution de la démographie en Belgique, cela signifie la disparition totale de toute la population bruxelloise. En 11 ans seulement, c’est assez incroyable.

Il y a certains pays à l’ouest qui souffrent également d’une démographie en berne. On peut citer l’Italie, qui a perdu 400.000 personnes, le Portugal, 200.000 personnes. Mais c’est clair qu’il y a une situation très préoccupante dans l’ancien bloc soviétique, y compris dans des pays plus proches de nous comme la Croatie.

Cette baisse de la démographie, sur ces 11 dernières années, a débuté il y a bien longtemps, dans les années 90, lorsque le rideau de fer est tombé, lorsque l’URSS s’est disloquée et que les anciens pays du bloc de Varsovie ont pu voler de leurs propres ailes.

Prenons l’exemple de l’Ukraine, par exemple : au début des années 90, l’Ukraine comptait environ 52 millions d’habitants. En 2021, avant la guerre, les Ukrainiens n’étaient plus que 43 millions.

 

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Quelles sont les raisons qui expliquent cette chute vertigineuse de la démographie de ces pays ?

Deux causes essentielles : l’émigration vers les pays de l’ouest et la baisse du taux de natalité.

Pour qu’une population puisse se maintenir à un chiffre x, il y a ce qu’on appelle un seuil de remplacement : il faut, en moyenne, que chaque femme ait 2,1 enfants. 2,1 enfants par femme, les pays de l’Est en sont assez loin, et depuis longtemps. A l’aube de l’an 2000, la Bulgarie était tombée à 1,1, par exemple. Cette dénatalité brutale a plusieurs causes, dont, évidemment, l’état de l’économie à la fin de la domination soviétique, qui ne permettait plus, par exemple, le maintien des crèches mises en place par les grands groupes industriels.

L’institut national français d’études démographique a calculé qu’en Europe de l’est, la baisse de la natalité est responsable à 27% de la baisse. Les 73 autres pourcents, c’est l’émigration. Lorsqu’au 1er mai 2004, 10 pays intègrent l’Union européenne, nombreux ont été les Européens de l’est à venir de ce côté-ci du continent.

Souvent une population jeune, une population qui, justement, fait les enfants qui manque aux pays d’origine. Quelques chiffres, encore, si vous le permettez : en 2004, c’est plus de 8 millions de personnes qui ont migré depuis l’est vers l’ouest de l’Europe, avec 2 millions et demi de Polonais et plus de 3 millions de Roumains qui ont quitté leur pays respectif.

L’ouverture des frontières n’a été que le premier d’événements qui ont amené des Européens de l’est à nous rejoindre : les subprimes en 2008, la crise de la dette en 2011 : à chaque secousse économique d’envergure, des hommes et des femmes cherchent à trouver un meilleur avenir dans une région, un pays, où du travail est disponible.

Au total, l’Europe de l’Est a donc souffert du télescopage de deux phénomènes terribles d’un point de vue démographique : l’émigration massive de sa jeunesse et une chute de la natalité.

Le vieux continent vieillit : un pays comme l’Italie a vu son âge médian passer de 39 ans en 2000 à quasi 47 ans l’an dernier. Cela signifie qu’il y a autant d’Italien et d’Italienne en dessous et au-dessus de 47 ans. Plus l’âge médian est élevé, plus votre population est âgée.

Le seuil de remplacement, aucun pays européen ne l’atteint. Celui qui s’en rapproche le plus, c’est la France, avec 1,8, la Belgique suit avec 1,7, l’Allemagne est à 1,6, l’Italie est à 1,3.

Pour toute une série de raisons, dont la chute accélérée de la concentration des spermatozoïdes chez l’homme, selon une méta-analyse publiée ce mardi dans la revue Human Reproduction update.

 

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