Son lointain prédécesseur avait mis en évidence le phénomène El Niño en 1994 ; le satellite franco-américain SWOT, dont le lancement est prévu jeudi, doit pousser plus loin la compréhension du cycle de l’eau et son impact sur le climat.
Pour l’agence spatiale française, le Cnes, et son homologue américaine la Nasa, qui collaborent dans ce domaine depuis 30 ans, et le satellite Topex-Poseidon, il s’agit d’une mission "emblématique", rien qu’au regard de son budget d’un milliard de dollars.
Le mastodonte de 2,2 tonnes doit être mis en orbite par une fusée de SpaceX lancée de la base de Vandenberg, en Californie. Une fois dans l’espace, SWOT, pour Surface Water and Ocean Topography, mesurera le niveau des eaux de surface des océans, mais aussi des lacs et des rivières.
Pour cela, le satellite est doté d’un instrument révolutionnaire, un interféromètre à large fauchée baptisé KaRin : deux antennes radars, situées au bout de bras à dix mètres l’une de l’autre, scannent la surface de l’eau sur une bande large 120 kilomètres, fournissant une image bidimensionnelle. Le signal légèrement différent reçu par chacune des deux antennes permet de connaître la hauteur d’eau.
Grâce à l’éloignement des deux antennes et à la stabilité du satellite, "nous allons disposer d’une résolution dix fois supérieure à ce que produisent les technologies actuelles pour mesurer la hauteur des océans et comprendre comment les fronts et les tourbillons océaniques influent sur le climat", explique Karen St. Germain, directrice de l’observation de la Terre à la Nasa.
"C’est comme observer une plaque d’immatriculation de l’espace quand on ne pouvait auparavant distinguer qu’une rue", abonde Thierry Lafon, chef du projet SWOT au Cnes.
L’enjeu est d’importance : si l’impact sur le climat des grands courants océaniques comme le Gulf Stream est connu, il n’en est rien des courants et tourbillons plus localisés, sur une dizaine de kilomètres. Or ceux-ci affectent la température de la surface de la mer, les transferts de chaleur, ainsi que l’absorption par l’océan du CO2 présent dans l’atmosphère, explique-t-il.
Cela aidera à mieux modéliser les conditions météorologiques et climatiques et mieux observer l’érosion côtière et les futurs changements climatiques.