Nous avons contacté des fédérations de taxi bruxellois et des plateformes de taxi. Le moins qu’on puisse dire est que l’accueil réservé à la nouvelle offre d’Uber est mitigé, voire plutôt froid. "C’est plus de la communication qu’autre chose", estime Khalid De Denguir, de FEBET, la Fédération belge des taxis. Concernant Uber, pour la FEBET, c’est clair, "Aujourd’hui, ils ont besoin de taxis. Uber a des difficultés à servir la clientèle du fait que les taxis traditionnels et taxis de rue sont éparpillés sur plusieurs plateformes".
Du côté des Taxis Verts, une plate-forme de taxis bruxelloise, pour laquelle roulent de nombreux taxis indépendants, le son de cloche est comparable. "C’est un effet d’annonce. C’est une tactique à court terme. Le problème d’Uber, c’est qu’ils ont un déficit de chauffeurs", estime Jean-Michel Courtoy, administrateur délégué des Taxis Verts.
Une autre fédération de taxis, la Fédération bruxelloise du taxi, on explique que l’offre d’Uber aurait dû arriver beaucoup plus tôt. Plutôt que de concurrencer les taxis comme il l’a fait, Uber aurait dû rentrer dans le moule bruxellois. "Rien ne les empêchait de s’inscrire comme plateforme en 2013", explique Abdessamad Sabbani, le président de la Fédération bruxelloise du taxi. "Je regrette que les centrales comme Uber aient mis autant d’années à comprendre que les plus qualifiés pour transporter les clients sont les taxis", ajoute Abdessamad Sabbani, qui trouve "dommage" les procédures judiciaires qui ont dû être enclenchées dans le bras de fer avec Uber et qui ont laissé des traces.
Par rapport à l’offre qu’Uber fait aux chauffeurs de taxi de s’inscrire sur sa plateforme, les taximen bruxellois sont prudents. "Dans l’état actuel des choses, je déconseille aux chauffeurs de s’affilier à cette plateforme" explique Abdessamad Sabbani qui se méfie de la capacité d’Uber à respecter les règles.
Chez Uber, on n’avance pas de chiffres sur le nombre de chauffeurs de taxi bruxellois qui ont rejoint la plateforme, mais "il y a un certain nombre de taxis qui demandent à travailler avec nous, cela démarre assez bien", explique Laurent Slits, le patron d’Uber Belgique. Par rapport aux critiques sur le respect des règles en vigueur, il se veut aussi rassurant. La nouvelle ordonnance "taxis" fixera de nouvelles balises. La Région bruxelloise a décidé que seuls les chauffeurs possédant une licence bruxelloise seront autorisés à travailler dans la capitale. A partir du 21 octobre, les titulaires d’une licence flamande ou wallonne ne seront plus acceptés. "La réglementation qui va entrer en vigueur prévoit que seules les licences bruxelloises pourront circuler à Bruxelles et on va s’y conformer", répond Laurent Slits, le patron d’Uber Belgique. Cela pose d’ailleurs un problème à Uber qui va devoir se séparer de chauffeurs inscrits sur sa plateforme. "Aujourd’hui, avec le nombre de chauffeurs qu’on a, aux alentours de 2000, on a du mal à satisfaire la demande qui est sans cesse croissante. Et plusieurs centaines vont être déconnectés d’ici deux semaines. C’est un vrai problème pour la mobilité bruxelloise", explique Laurent Slits qui s’inquiète de l’absence de mesures au niveau bruxellois pour accorder des licences, par exemple, à des chauffeurs bruxellois qui auraient, jusqu’à présent, fait le choix d’une licence flamande ou wallonne, moins chère et moins exigeante.