Hainaut

À Chimay, le carillonneur réclame son dû… en florins

© Justine Hermans

Un contrat de travail rédigé il y a 300 ans… pour débloquer un salaire d’aujourd’hui. C’est la (més) aventure du carillonneur de Chimay, Jean-Paul Rouwez. Il occupe le poste de carillonneur depuis 45 ans. Il joue chaque premier dimanche du mois, lors de fêtes, quand il a envie aussi. "J’aime animer la place quand les terrasses sont remplies", confie Jean-Paul Rouwez.

Pour ce travail, la ville de Chimay le paye chaque année environ 1200 euros. "Je ne fais pas ça pour l’argent mais c’est une forme de reconnaissance". Et cette reconnaissance, elle n’avait plus eu lieu depuis 2 ans. "Un peu par hasard, je me suis rendu compte que je n’avais plus été payé depuis 2 ans", dit le carillonneur. L’arrêt des versements correspond plus ou moins à l’arrivée de la nouvelle directrice financière à la Ville de Chimay. Ne trouvant pas de convention, de "contrat" écrit, elle a simplement arrêté de payer le carillonneur.
 

© Justine Hermans

Une preuve… de 1742

"Mon grand-père et mon arrière-grand-père étaient carillonneurs avant moi et ils n’ont jamais eu ce genre de problème", explique Jean-Paul Rouwez, "C’était une convention tacite qui était reconduite chaque année". Après quelques coups de fil et un mail au bourgmestre, la situation était réglée. Mais il y a aussi la preuve ultime, un papier qui date du 18e siècle. "C’est un document officiel datant de 1742, écrit en vieux français. Il a été rédigé par l’Abbé Carlier, le carillonneur de l’époque. Il demande au bourgmestre et au conseil communal de lui octroyer la somme de 24 florins pour les avoir servis pendant un an. C’est une demande officielle qui fait office de convention pour moi aujourd’hui. C’est avec un petit sourire moqueur que j’envoie ça à la directrice financière de Chimay. Mais il n’y a pas de problème, tout est rentré dans l’ordre". Encore avec le sourire, le carillonneur de Chimay nous confie que ça l’arrangerait bien d’être payé… en florins. Un numismate professionnel a fait le calcul pour nous : ces 24 florins valent environ 1020 euros aujourd’hui mais ce montant ne tient pas compte de l’inflation…

© Justine Hermans

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