A 46 ans, ce Cubain au sourire franc est dépositaire d'une tradition séculaire qui s'est affinée au XIXe siècle, lorsque les premiers alambics modernes ont été introduits sur la plus grande île des Caraïbes où les moulins à sucre tournaient à plein. Le rhum cubain affirme alors sa singularité : 100% confectionné à partir de mélasse (résidu de la fabrication du sucre), une fermentation courte, une distillation discontinue et un degré d'alcool dépassant rarement 40 degrés, donnant un rhum dit "léger".
Les maîtres-rhumiers cubains sont depuis lors les gardiens de cette tradition : "Sélectionner la meilleure mélasse, produire l'eau-de-vie, assurer les assemblages, le vieillissement", explique M. Marti, qui rappelle combien "le rhum est un produit extrêmement complexe à élaborer".
Aujourd'hui, ils sont au total deux "premiers maîtres-rhumiers", considérés comme les plus expérimentés, sept maîtres-rhumiers, dont deux femmes, et cinq "apprentis", tous dispersés dans les différentes fabriques d'Etat du pays. Chacun a fait l'objet d'une cooptation rigoureuse. Si un bagage universitaire en sciences est désormais un prérequis notamment pour améliorer les procédés techniques, la transmission orale reste fondamentale à travers le travail quotidien au sein de la fabrique.