"Les premiers intérêts que le train a servis sont les intérêts miniers, explique Marie-Eve Tesch, co-curatrice. On est en pleine révolution industrielle, donc on a besoin d’exporter des marchandises, de les déplacer de manière accélérée. C’est d’ailleurs pour les mines qu’on a créé les premières machines à vapeur au début du 18e siècle, ainsi que les rails. Evidemment, cela a révolutionné la vie de tout un chacun, au fur et à mesure, parce que cela a servi progressivement le déplacement des personnes."
La première ligne sur le continent européen, à destination des voyageurs, va être développée entre Bruxelles et Malines. La Belgique a vraiment une histoire bien particulière avec le chemin de fer. D’autant plus que ce sera la première ligne développée par l’Etat. On est aux premiers jours de la Belgique indépendante et très vite, on se rend compte qu’on va avoir besoin de nouveaux moyens de transport. Parce qu’avant le transport se faisait surtout par les fleuves et, le conflit n’étant pas tout à fait résolu avec les Hollandais, on se rend compte et le train naît dans ce contexte-là. La Belgique est donc un pays pionnier à ce niveau-là.
On ignore souvent que le train a complètement bouleversé la relation au temps. Déjà parce qu’on se déplaçait beaucoup plus vite qu’avant, mais aussi parce que pour éviter les accidents ferroviaires, on a dû standardiser le temps. Avant le train, le temps était local, il différait de quelques minutes de ville en ville, ce qui a introduit beaucoup de complications pour les voyageurs.
"On a ainsi découvert, dans les archives de la Ville de Malines, un document intitulé 'L’Equation de l’horloge', qui permet de faire l’équation entre le temps moyen, celui de l’horloge, et le temps vrai, celui du soleil, via un petit système de conversion, un outil pour ne pas rater son train. A la fin du 19e siècle, on a uniformisé le temps, on est passé au méridien de Greenwitch, grâce au train."