À la Côte d’Azur, des idées pour les jardins du futur

Les mimosas qui colorent de jaune les collines à Mandelieu, les champs de fleurs pour les parfumeurs de Grasse, les citrons à Menton… Au-delà des clichés des cartes postales, la Côte d’Azur est une destination touristique privilégiée pour les amateurs de beaux espaces fleuris. La douceur du climat et les magnifiques panoramas du littoral ont attiré dès le 19e siècle de grandes fortunes qui ont créé parcs et jardins autour de leurs luxueuses résidences.

Le département des Alpes-Maritimes concentre 80 réalisations de grand intérêt dont 13 ont reçu le label " Jardin remarquable ". Face à un tel patrimoine, la création d’un festival des jardins semblait comme une évidence. De même qu’à Chaumont-sur-Loire ou au Chelsea Flower Show à Londres, des paysagistes, architectes et scénographes sont invités à mettre en place des réalisations éphémères. Elles font évoluer les concepts et révèlent des idées inédites.

Alors qu’une grande tendance du moment pour l’aménagement des jardins est la réduction du temps d’entretien par l’intensification du recours au minéral pour des pavages et surfaces de gravier, les plantes conservent une place importante dans les créations du festival. A Menton, dans leur jardin " Peu importe aux butineurs ", Quentin Aubry et Zeger Delenberg, venus de Rotterdam, vont plus loin. En opposant un espace aux teintes chaudes et un parterre aux teintes pastel, tous deux densément plantés, ils émettent une critique : les jardiniers ne consacrent-ils pas trop de temps à confronter leurs opinions en termes de couleurs, alors qu’il faut agir pour sauvegarder la biodiversité ? Des nichoirs à insectes s’élèvent dans leur jardin.

Durant la belle saison, le manque d’humidité dans le sol et l’impossibilité d’arroser les jardins constituent une contrainte majeure. Plusieurs réalisations du festival s’inscrivent dans la perspective de vivre avec la sécheresse. A Grasse, le jardin " La Voie héracléenne " de Nicholas Tomlan, prix du Jury officiel, présente un chemin de pierre bordé par des murets et un paysage de garrigue. L’élément minéral a été mis en place avec un tel soin qu’il évoque une véritable portion de nature tandis que les plantes sont parfaitement adaptées à ce milieu. Choisies pour leur faible besoin en eau, elles prospéreront.

A Nice, le jardin " Perspective d’avenir " réalisé par Sybille et Antoine du Peloux avec Louise Rué, prix Green Deal de la transition écologique dans le département des Alpes-Maritimes, oublie le gazon. Faute d’arrosage, il roussit durant l’été et risque de ne plus être vivant quand revient la pluie. Les jardins classiques peuvent évoluer par la transformation des surfaces de pelouses. Couvertes de pierrailles, elles mettent en valeur la végétation des milieux secs. Généreusement paillées, elles conservent de l’humidité pour les plantes vivaces. Arabesques de plantes basses, jeu de miroirs et éléments d’accueil pour la biodiversité apportent une note contemporaine.

Toujours à Nice, le jardin " Entre-là ", prix du Jury des professionnels du paysage, a été réalisé avec la participation d’une équipe de vanniers. Il s’articule autour d’une galerie tressée en brins de saule. Elle offre de l’ombre durant les heures les plus chaudes de la journée, sans toutefois oublier les plantes qui restent visibles au travers d’ouvertures en forme d’œil. La promenade débouche dans une chambre de verdure ombragée par une ceinture de hauts bambous, tandis que la pièce d’eau apporte une note de fraîcheur parmi des plantes comestibles.

A Cannes, le jardin " Le Temple " de Maggie Wai Chung Wu (Chine) et Alejandro O’Neil (Uruguay), prix Coup de cœur du Jury des professionnels du paysage, propose une vision originale. Leur pergola aux longues bandes de tissu rouge ne permet qu’une seule position. On s’assied confortablement sur des coussins avec le regard à hauteur des plantes qui fleurissent tout autour de vous.

A Grasse, Solène Ortoli a créé " Ciel, la mer ", prix Coup de cœur du Jury officiel et du Jury de la presse. Le mur blanc au fond de la parcelle comporte une ouverture avec vue sur un paysage de mer. Mais il s’agit d’une illusion d’optique. Le parterre de plantes des milieux secs, la pièce d’eau et les rochers se reflètent dans un miroir habilement posé. L’idée fera grand chemin !

Le Festival des Jardins de la Côte d’Azur

#FestivalJardins06

Jusqu’au lundi 1er mai