Au-delà des biens connus William Dunker, Guy Cabay ou Julos Beaucarne, que reste-t-il des traditions musicales de Wallonie et de Bruxelles ? Un rapide tour d’horizon, partiel mais révélateur, donne une idée de ce qui reste de notre folklore.
Les Hautes-Fagnes, du côté de Waimes, Faymonville, Gueuzaine, dans les années septante. Des grands-mères au coin du poêle de la cuisine ou dans le salon entonnent de vieilles chansons wallonnes à leurs petits-enfants, des paroles consignées dans des cahiers écornés qu’on se passe de génération en génération, qu’il faut parfois recopier à cause de l’effacement de l’écriture. Comptines, chansons d’amour, de la vie quotidienne rythment les saisons et se partagent aussi dans les petits bals de village où violoneux et accordéonistes entraînent les couples dans les maclotes, amoureuses et autres sabotières…
Podrî les Avules ("Derrières les grandes haies"), un reportage filmé de 1973 préparé par Françoise Lempereur et réalisé par Alexandre Keresztessy témoigne de cette époque où la chanson traditionnelle wallonne faisait encore partie du quotidien. Ethnomusicologue, Françoise Lempereur travaille essentiellement sur la transmission du patrimoine immatériel, des savoir-faire individuels et des rituels collectifs : Il s’agissait parfois de ballades médiévales transmises par voie orale. Mais toutes les personnes âgées vues dans le film sont décédées et il n’y a plus eu de transmission orale. La grande coupure, ce sont les années 60 avec l’arrivée de la télévision, on a banni la culture ancienne, transformé les anciennes fermes, une vraie révolution sociologique. Seules rescapées de la transmission orale dans nos régions sont les chansons d’étudiants ou liées au scoutisme. Certains de mes étudiants ont visité les homes en vue de collecter d’anciennes chansons traditionnelles, en vain car les personnes âgées d’aujourd’hui ne connaissent plus que Tino Rossi !