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À la veille des vacances d’été, comment prévenir les mutilations génitales féminines ?

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L’été approche à grand pas et, avec lui, la saison des départs en vacances, notamment à l’étranger. En prévision de cette période, le Groupe pour l’Abolition des Mutilations Génitales féminines (GAMS) lance une campagne nationale de prévention de l’excision. L’occasion pour l’ASBL de présenter de nouveaux outils pour mieux prendre en charge et accompagner les femmes victimes de mutilations génitales.

Ce mardi 23 mai marque donc officiellement le lancement par le GAMS de sa campagne de prévention des mutilations génitales féminines (MGF). Selon l’UNICEF, à travers le monde, ce sont au moins 200 millions de femmes qui ont eu à subir des mutilations génitales.

Ces dernières peuvent s’exprimer sous différentes formes, qu’il s’agisse d’une clitoridectomie (soit l’ablation partielle ou totale du clitoris et/ou de son capuchon), d’une excision (l’ablation partielle ou totale, non seulement du clitoris, des petites lèvres, mais parfois aussi des grandes lèvres) ou encore d’une infibulation (la suture des petites et grandes lèvres de la vulve, visant à recouvrir presque totalement l’orifice vaginal – souvent couplée à l’ablation clitoridienne ou à l’excision).

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Si la période estivale est synonyme de voyages dans leurs pays d’origine pour de nombreuses familles belges, elle représente également une situation à risque pour de nombreuses filles et femmes. Au 31 décembre 2020, on estimait le nombre de personnes menacées par l’excision à 12.000. Au même moment, ce ne sont pas moins de 23.000 femmes belges qui étaient déjà victimes de cette pratique.

Les mutilations génitales féminines sont une forme de violence basée sur le genre, comme l’a souligné la Secrétaire d’État à l’Égalité des Genres, à l’Égalité des Chances et à la Diversité, Marie-Colline Leroy, qui a répondu présente pour l’ouverture officielle de cette campagne.

Cette dernière s’inscrit en effet dans le cadre de l’appel à projets "Tant qu’il le faudra", mis en place par l’ex-secrétaire d’État Sarah Schlitz. En février dernier, le GAMS et l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes (IEFH) avaient par ailleurs lancé une première phase de sensibilisation, destinée à visibiliser les deux centres d’accompagnements des MGF situés sur le sol belge, à Gand et à Bruxelles.

Outre ces soutiens fédéraux, la Fédération Wallonie-Bruxelles, via la ministre Bénédicte Linard, intervient également pour soutenir le travail du GAMS, notamment via des appels à projet de l’ONE chaque année.

De nouveaux outils pour améliorer la prise en charge

Depuis le 18 juin 2018, le personnel médical se voit dans l’obligation de signaler tout type de mutilation génitale constaté, le chemin à parcourir pour mettre un terme aux MGF reste cependant immense. Afin d’accélérer le processus, le GAMS a développé de nouveaux outils de détection et de prévention, notamment un "détectomètre" ou des webinaires destinés aux professionnel·les de santé.

Selon Fabienne Richard, sage-femme, chercheuse et directrice du GAMS, une meilleure formation du personnel médical permettrait une détection plus rapide des MGF : "Les violences faites aux femmes touchent une femme sur trois. Nous pensons qu’elles méritent d’être intégrées dans le curriculum de base."

En plus de ses différentes actions, le GAMS dispose également de plusieurs antennes d’accueil, aux quatre coins du pays. Mawda Abbas, responsable pour la Flandre des "Community Voices" (les équipes de bénévoles de l’ASBL), souligne également l’importance d’aller à la rencontre des femmes qui ne sont pas encore sensibilisées. Pour ce faire, le groupe d’action collabore, entre autres, avec différents centres d’accueil et avec la Croix Rouge.

Ça ne peut plus se reproduire avec les générations qui suivent

En 2020, les multiples actions du GAMS ont permis, selon Fabienne Richard, de venir en aide à pas moins de 800 femmes, dont 600 adultes et 200 enfants. Il reste cependant compliqué d’établir un véritable recensement du nombre de femmes touchées ou menacées par les MGF en Belgique. "Cela s’explique par le caractère illégal de ces pratiques. Pourtant, elles restent une réalité", précise la chercheuse.

L’éducation comme facteur essentiel dans la lutte contre les MGF

Au cours de cette campagne, le GAMS désire également mettre en avant l’importance de l’éducation dans ce combat contre les mutilations génitales infligées aux femmes. Pour Halimata Fofana, autrice et réalisatrice franco-sénégalaise, également marraine de cette campagne de prévention et victime d’une excision à l’âge de cinq ans, l’école a été un moteur de "nourrissage" et de remise en question, qui lui a permis de briser le tabou et de prendre conscience de ce qu’elle et son corps ont traversé.

L’éducation a permis à Halimata Fofana de verbaliser son vécu : "Le combat a commencé par parler, par mettre des mots. Par oser dire." Des mots qu’elle a concrétisés dans un documentaire, À nos corps excisés, et couchés sur papier dans deux récits à dimension autobiographiques, Mariama, l’écorchée vive et, tout récemment, À l’ombre de la cité Rimbaud.

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C’est ce dernier roman qu’Halimata Fofana et le GAMS utilisent aujourd’hui comme outil de sensibilisation dans des classes de secondaires, de la quatrième à la sixième année. Le livre, accompagné d’un clip vidéo, permet d’ouvrir la parole avec les plus jeunes, femmes et hommes, et de casser un schéma qui se répète bien souvent de génération en génération. "Je dis souvent que, sur le corps, j’ai la trace de l’ignorance. Je vais mourir avec cette trace. C’est un trauma et je dois dealer avec ça", confie Halimata Fofana. "Et ça ne peut plus se reproduire avec les générations qui suivent."

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Une première semaine riche en évènements

Du 23 au 26 mai, le GAMS organise une série d’évènements gratuits et ouverts au grand public à Bruxelles, Gand et Liège. Le programme complet de ces échanges est à retrouver sur le site Internet de l’ASBL ou sur ses différents réseaux sociaux.

L’invitée : Halimata Fofana

L'invitée : Halimata Fofana

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Cet article a été écrit lors d’un stage au sein de la rédaction des Grenades.

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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.

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