Grégor Péan a tendance, au départ, à présenter Eva Braun comme une petite idiote. Et en effet, l’Histoire montre qu’elle n’a rien compris à ce qui s’est passé. Elle est la maîtresse du plus grand meurtrier du 20e siècle et elle va tourner des films à Berchtesgaden, danser, faire des galipettes au bord du lac…
"Mon hypothèse de travail sur Eva Braun, c’était de partir de quelqu’un qui n’a pas grand-chose dans la tête, qui est aveuglée par le pouvoir. Et on va voir ce qui se passe une fois qu’on l’a dépouillée de ses oripeaux. Après la chute du IIIe Reich, l’idée de la faire vivre et de la dépecer de tout était une expérience presque intellectuelle. Qu’est-ce qui reste ? Est-elle toujours cette petite sotte qu’elle a été pendant 15 ans ? Va-t-elle se mettre à réfléchir ? C’était l’un des grands fils rouges du livre."
Grégor Péan ne la ménage pas, mais c’est pour mieux la considérer comme un être humain.
"On est tous des êtres humains et on peut être parfois aveuglés par le pouvoir, on peut être plus ou moins. Je voulais prolonger ce destin pour savoir ce qui se passerait après, sans rien, sans Hitler, sans les dignitaires nazis qui la flattent, sans Berchtesgaden, sans le pouvoir."
Le livre questionne notre humanité et notre rapport aux monstres. Doit-on s’acharner sur les monstres qui ont tout perdu ? Grégor Péan ne donne pas de réponse, parce qu’il n’a pas de réponse. Mais par ce livre, il humanise Eva Braun.