Le mouvement #MeToo a contribué à ébranler le modèle patriarcal et, par extension, la notion de masculinité. Au fil des débats, c’est le poids des injonctions associées à la virilité qui a été questionné. La galerie londonienne Brooke Benington les interroge encore plus à travers la nouvelle exposition de Guy Oliver, "We Put The Unction Into Erectile Dysfunction".
L’artiste britannique, lauréat du prix Jerwood/FVU en 2020, utilise différents médias pour repenser la masculinité et remettre en cause les codes d’une forme de virilité dominatrice. Comme à son habitude, Guy Oliver s’appuie sur son expérience personnelle pour dénoncer les ravages de stéréotypes sexués valorisant chez l’homme, la force, le goût du pouvoir, l’appétit de conquête et l’instinct guerrier.
"Je me suis toujours placé au centre de mon travail", a-t-il expliqué à Artnet News. "C’est un examen de la façon dont je suis posé dans le contexte d’une culture plus large. Les idées de masculinité sont présentes dans mon travail depuis que je me suis servi pour la première fois du catch WWF comme sujet, il y a des années, un sport qui m’obsédait complètement quand j’étais enfant".
L’artiste multidisciplinaire se transforme en différents personnages pour souligner la nécessité de voir apparaître de nouvelles visions de l’homme, loin des clichés virilistes longtemps véhiculés par la publicité. L’un d’entre eux est Mr. Soft, la mascotte tout en douceur des bonbons à menthe Trebor à la fin des années 80. Guy Oliver prend son apparence pour parler du culte de la performance sexuelle et des troubles érectiles dont souffrent de nombreux hommes (vieillissants, mais pas que), au travers d’une vidéo exposée dans le cadre de l’exposition "We Put The Unction Into Erectile Dysfunction". Un choix de personnage d’autant plus intéressant que son nom peut faire penser au mouvement américain des "softies", qui faisait la part belle aux pénis flaccides.
Ailleurs dans l’exposition, des aquarelles tournent en dérision les photos que l’on trouve dans les banques d’images pour illustrer les troubles érectiles et l’impuissance masculine. La plupart d’entre elles dépeignent un homme (souvent blanc) à la mine accablée qui tient sa tête entre ses mains, tel un "Penseur" de Rodin des temps modernes. Ces clichés stéréotypés contribuent à véhiculer une image réductrice de ces dysfonctionnements qui touchent, pourtant, 61% des Français, selon une étude Charles.co/IFOP datant de 2019.