Julie Van Espen, Sihame El Kaouakibi, pollution au PFOS à Zwijndrecht, le procès Bart De Pauw… Replongez-vous dans huit dossiers qui ont fait la Une des médias au nord du pays.
Sihame El Kaouakibi et ses subventions
Depuis février 2021, la députée flamande et entrepreneuse Sihame El Kaouakibi fait la Une des médias en Flandre. La raison ? L’ancienne dirigeante de l’académie de danse Let’s Go Urban est au cœur d’un scandale de malversations financières.
Elle est accusée de fraude aux subventions. El Kaouakibi aurait utilisé près d’un million d’euros à son profit, dont près d’un demi-million de subventions et près d’un demi-million provenant d’investisseurs privés. En octobre 2021, un rapport de l’Inspection flamande des finances pointe un "abus systématique des flux de subventions".
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Cette entrepreneuse sociale a longtemps été courtisée par différents partis politiques. Finalement, un peu avant les élections de mai 2019, elle se présente sur une liste Open Vld à Malines, soutenue par le bourgmestre Bart Somers.
Mi-février, le journaliste Wouter Verschelden révèle dans la newsletter 8AM que l’Open Vld a versé 50.000 euros à la jeune entrepreneuse pour la soutenir dans son lancement en politique, ce qui suscite l’indignation dans les rangs des membres du parti libéral.
À la suite des scandales sur Lets’Go Urban, Sihame El Kaouakibi quitte l’Open Vld en avril, mais continue de siéger comme indépendante au Parlement flamand.
Sous certificat médical et absente du Parlement flamand depuis la mi-octobre 2020, elle continue de percevoir son salaire de députée d’environ 6000 euros. Cette situation a suscité l’indignation des autres députés flamands.
En septembre 2021, une majorité de députés s’est accordée pour limiter les revenus des députés absents de longue durée. En ne versant pas les indemnités, un député conserve 60% de son revenu après un mois de maladie.
Sihame El Kaouakibi a de nouveau envoyé un certificat médical qui prolonge son arrêt maladie jusqu’à la fin du mois de février 2022, mais elle ne recevra donc plus la totalité de son salaire.
Bart De Pauw, le #metoo flamand
2021, c’est aussi l’année du procès de Bart De Pauw, ce "Bekende Vlaming" suspecté de harcèlement et de cyberharcèlement à l’encontre de treize femmes. À 53 ans, Bart De Pauw est accusé de leur avoir envoyé un grand nombre de SMS à caractère sexuel et intrusif. L’affaire fait grand bruit en Flandre car ce producteur est très connu pour ses succès télévisés, comme Schalkse Ruiters ou Het Geslacht De Pauw.
Tout commence en novembre 2017 lorsque Bart De Pauw annonce lui-même dans une vidéo que son principal employeur, la VRT, venait de mettre un terme à toute collaboration avec lui. À l’époque, le service médiation de la chaîne avait alors reçu plusieurs signalements anonymes concernant les agissements de ce people du nord du pays. Nous sommes, à ce moment-là, en plein scandale #Metoo avec les révélations sur le producteur américain, Harvey Weinstein.
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La justice va alors investiguer et le dossier à charge de Bart De Pauw se remplit d’une dizaine de témoignages relatant du harcèlement et du cyberharcèlement. Certaines femmes l’accusent aussi de s’être rendu chez elles en pleine nuit. Une actrice affirme qu’il arrivait au producteur, scénariste et acteur d’insister pour reproduire à de nombreuses reprises des scènes de baisers.
En novembre, le verdict tombe : le tribunal correctionnel de Malines condamne l’ancien producteur de télévision flamand à six mois avec sursis pour harcèlement à l’égard de plusieurs jeunes femmes sur lesquelles il avait autorité en tant qu’employeur.
Julie Van Espen et les dysfonctionnements de la justice
2021, c’est aussi l’année d’un autre procès très médiatisé en Flandre : celui de l’assassinat de Julie Van Espen. En mai 2019, le corps sans vie de cette étudiante de 23 ans originaire de Schilde dans la banlieue anversoise, est retrouvé dans le canal Albert. La jeune fille a été étranglée.
Dans le box des accusés, Steve Bakelmans, un homme âgé aujourd’hui de 41 ans. L’homme a avoué avoir ôté la vie de la victime parce qu’elle résistait à sa volonté de la violer.
Ce n’est pas la première fois que Steve Bakelmans a affaire à la justice. En 2017, il a été condamné à quatre ans de prison pour le viol de sa compagne. Mais à l’époque, le tribunal n’avait pas ordonné son arrestation immédiate. Et c’est donc libre qu’il devait comparaître en appel. Ironie du sort, c’est quelques jours avant sa comparution que l’accusé croise la route de Julie Van Espen. La jeune étudiante a rendez-vous avec des amies à Anvers. Mais elle n’arrivera jamais à bon port.
Les parties civiles avaient demandé d’organiser le procès à huis clos afin que les détails les plus affreux du dossier ne soient pas révélés à la presse et au grand public. Le procureur général et la défense ne s’y sont pas opposés. Le verdict est tombé le 21 décembre. Le jury de la cour d’assises d’Anvers a déclaré que Steve Bakelmans est coupable, sur toute la ligne, de l’assassinat et du viol de l’étudiante Julie Van Espen.
Compteurs inversés : volte-face
En Flandre, depuis fin 2014, les propriétaires de panneaux solaires pouvaient bénéficier d’un tarif forfaitaire "prosumer" pour l’utilisation du réseau, le remplacement des compteurs électromagnétiques par des compteurs "intelligents.
L’un des objectifs était d’inciter les producteurs-consommateurs ("prosumers") à consommer directement l’électricité produite par leurs panneaux plutôt que de la réinjecter sur le réseau. Beaucoup de prosumers craignaient toutefois d’y perdre par rapport à leur compteur qui déduit l’électricité injectée sur le réseau.
Le gouvernement a donc permis à ceux dont l’installation a été posée avant le 1er janvier 2021 de rester pendant 15 ans dans le système actuel du tarif prosumer, tout en gardant le principe du compteur qui tourne à l’envers, et même s’ils sont équipés d’un compteur digital. Une décision que la Cour constitutionnelle a annulée en janvier 2021 à la suite d’un recours du régulateur flamand de l’électricité, la VREG.
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Après cet arrêt de la Cour, le gouvernement flamand a proposé de compenser les propriétaires de panneaux photovoltaïques par une prime rétroactive pour les installations placées en 2021. Le montant de cette prime avait été fixé à maximum 1500 euros et devait ensuite être réduit progressivement les années suivantes (1125 euros en 2022) et disparaître en 2025.
Mais pour bénéficier de la prime, le particulier doit disposer d’un compteur intelligent. Vu le nombre de demandes, de nombreux compteurs ne pouvaient être placés qu’en 2022, ce qui risquait d’entraîner un manque à gagner pour les ménages flamands concernés.
Le gouvernement flamand a donc décidé vendredi de conserver le même montant de prime en 2022 qu’en 2021.
Jürgen Conings, le militaire traqué
Le 17 mai 2021, le militaire Jürgen Conings quitte son domicile, se rend à son travail, s’empare d’un véritable arsenal et disparaît dans la nature. C’est le début d’une traque qui dure plus d’un mois jusqu’à la découverte de son corps le 20 juin dans un bois de Dilsen-Stokkem.
Cette traque a coûté 650.000€ à la Défense, mais plus important encore, elle a mis en lumière de nombreux dysfonctionnements au sein de l’armée belge et de son service de renseignement militaire, le SGRS. Car Jürgen Conings n’était pas un inconnu. L’homme apparaît pour la première fois dans les radars du renseignement en 2015.
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En juin 2020, il envoie des menaces au virologue flamand Marc Van Ranst sur Facebook. En août de la même année, l’OCAM, l’organe de coordination et d’analyse de la menace, ouvre une pré-enquête à son encontre pour extrémisme. Début 2021, Jürgen Conings est suivi, mais l’opération est suspendue au bénéfice d’une autre considérée comme plus prioritaire. En février 2021, il est officiellement fiché par l’OCAM, comme extrémiste de droite potentiellement dangereux.
Pendant plusieurs jours en mai 2021, des centaines de personnes ont organisé des marches sous le slogan " Jurgens Life Matters ". Objectif ? Soutenir le militaire car il ose s’opposer aux mesures anti-covid et à l’Establishment.
Mais qui était Jürgen Conings ? Pour Michaël Dantinne, criminologue à l’ULg et membre du Centre d’étude sur le terrorisme et la radicalisation, le profil du militaire est très difficile à lire : " Il y avait une dimension d’extrême droite, mais aussi une dimension anti-mesures covid. Et également une dimension complotiste marquée. Il a agi comme un révélateur de ce qui est en train de se passer dans notre société".
Propos sexistes du journaliste VRT Eddy Demarez
La VRT a suspendu le journaliste sportif Eddy Demarez en août 2021. Le journaliste avait tenu des propos offensants et sexistes à l’encontre de l’équipe nationale féminine de basket-ball, de retour des Jeux Olympiques.
Lors de la diffusion de la réception des médaillés olympiques de retour de Tokyo via la chaîne Facebook Live de Sporza, le journaliste sportif Eddy Demarez s’est laissé aller à des commentaires sur l’orientation sexuelle, l’apparence physique et le nom des Belgian Cats.
Dans un communiqué, la VRT a rapidement pris ses distances vis-à-vis des "déclarations inappropriées" du journaliste sportif Eddy Demarez, qui s’est excusé.
"Irrespectueux, douloureux et dégradant. Ravie de rentrer à la maison comme ça. Je vais juste vomir maintenant", a répondu la joueuse Hanne Mestdagh sur Twitter. Sa sœur Kim Mestdagh a tweeté l’émoticône d’un garçon vomissant, avec @sporza écrit ensuite.