Un jour dans l'histoire

À quoi ressemblait Bruxelles dans les années 1840 ? Récit de la romancière Charlotte Brontë

Un Jour dans l'Histoire

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A son époque, quitter l’Angleterre pour le continent paraît à Charlotte Brontë une aventure irréalisable. Et pourtant, l’attrait de la liberté la pousse à prendre des renseignements et à envisager le voyage. Six mois plus tard, la future auteure de 'Jane Eyre' débarque dans la capitale belge. Quelle ville trouve-t-elle ? Comment vivent les Bruxellois de ces années 1840 ?

L’historienne Nathalie Stalmans retrace la vie quotidienne à Bruxelles dans 'Si j’avais des ailes. Bruxelles au temps de Charlotte Brontë', aux Editions Genèse.

En février 1841, à l’âge de 25 ans, l’auteure Charlotte Brontë quitte ses landes anglaises pour arriver au pensionnat Héger à Bruxelles, où elle restera jusqu’en 1844. Jusque-là, elle a grandi avec ses 3 frère et soeurs et son père, pasteur, en vase clos, coupés socialement du monde.

L’amie biographe

Dans le but de faire du presbytère une école, Charlotte et sa soeur Emily ont l’idée d’aller apprendre le français et s’ouvrir un peu l’esprit. Elles choisissent la Belgique.

L’histoire de Charlotte Brontë par Nathalie Stalmans est racontée à travers les yeux d’Elizabeth Gaskel, une écrivaine connue, grande amie de Charlotte, qui a recueilli ses confidences. Au décès de sa fille en 1855, le papa de Charlotte va en effet lui confier la rédaction d’une 'biographie autorisée' de sa fille, qui ressemblerait plus à un hommage qu’à un véritable récit.

Sachant que Charlotte était marquée par son expérience bruxelloise, elle va choisir de raconter ce séjour et va se rendre à Bruxelles, plus particulièrement au pensionnat Héger.

La vie en pensionnat

Dans 'Si j’avais des ailes. Bruxelles au temps de Charlotte Brontë', on découvre donc la vie en pensionnat de ces jeunes filles pour la plupart bourgeoises, la vie en communauté où les ragots circulent et où l’ambiance est souvent familiale.

La vocation de ce pensionnat est d’apprendre aux jeunes filles à devenir de bonnes épouses et de bonnes mères, de bonnes catholiques, pas d’en faire des êtres indépendants. Madame Héger gère de main de maître ce pensionnat, situé rue Isabelle, là où se trouve aujourd’hui le Palais des Beaux-Arts, rue Ravenstein.

Charlotte Brontë (1816-1855), gravure de 1885 par WG Jackman
Charlotte Brontë (1816-1855), gravure de 1885 par WG Jackman © Getty Images

Tourisme et culture, au milieu du 19e siècle

Dans ces années-là, Bruxelles et la Belgique s’ouvrent au tourisme et connaissent le développement du transport, du chemin de fer, des auberges… On peut ainsi lire que toute la famille Héger et leurs pensionnaires partent en excursion à Waterloo, voir la butte du lion, construite en 1826. Puis ils se rendront à Ostende, en train. Charlotte Brontë décrit le convoi, qui est l’exacte représentation des classes sociales : plus on est installé près des locomotives, plus on est enfumé…

Culturellement, à l’époque, Bruxelles est une ville à deux vitesses. "Pour les gens qui ont les moyens, c’est juste prodigieux, parce qu’il y a des concerts donnés tous les soirs, des pièces de théâtre avec des acteurs qui viennent de Paris. Il y a des spectacles grandioses, dont les 25 ans du règne de Léopold Ier, explique Nathalie Stalmans. Il y a une démesure dans tout ce qui est festivités, cavalcades, animations, illuminations, au Vauxhall et partout, en comparaison avec la vie du commun des mortels qui est une vie de misère."

Une histoire d’amour à Bruxelles ?

Le roman se base aussi sur la correspondance entre Charlotte Brontë et Constantin Héger, le mari de la directrice du pensionnat. On ne saura jamais ce qui s’est réellement passé entre eux, souligne Nathalie Stalmans.

Ce qui a fait naître les rumeurs, c’est le roman Villette qu’a écrit Charlotte en 1853, et qui, s’il est autobiographique, évoque une liaison entre une élève et un enseignant.

Ce qui plaide pour un non, c’est que Charlotte a une nature très passionnée et qu’elle pourrait s’être créé des films à partir de quelques sourires.

Par ailleurs, Monsieur Héger est un homme de principes, qui croit dans les valeurs de la famille, ce qui ne plaide pas en faveur d’une histoire entre eux. Mais on sait aussi qu’il aime être admiré…

Quoi qu’il en soit, une correspondance va s’établir entre eux après le retour de la jeune femme en Angleterre. On n’a retrouvé que 4 lettres de Charlotte, déchirées et recollées, qui se trouvaient dans la boîte à bijoux de Madame Héger.

>>> Ecoutez tous les détails sur la vie de Charlotte Brontë à Bruxelles ci-dessus !

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