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A un an de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron affine sa stratégie

Officiellement, Emmanuel Macron n’est pas encore candidat à la prochaine élection présidentielle.  Et pourtant, il a déjà lancé sa stratégie en se servant des élections régionales de juin prochain.

© LUDOVIC MARIN - AFP

Par Marc Sirlereau

Officiellement, Emmanuel Macron n’est pas encore candidat à la prochaine élection présidentielle. Comme tout président sortant qui souhaite se représenter, il annoncera sans doute son choix le plus tard possible pour apparaître au-dessus des autres, de la mêlée. Jusqu’à présent, quelques candidats se sont déjà dévoilés comme Jean-Luc Mélenchon, Xavier Bertrand et Marine Le Pen.

Emmanuel Macron n’est donc pas encore officiellement candidat à la présidence de la République en 2022 et pourtant, il a déjà lancé sa stratégie en se servant des élections régionales de juin prochain.

Diviser la droite

Le parti socialiste, Emmanuel Macron l’a déjà fortement cassé en 2017. En venant de ce camp-là, en se présentant à la présidentielle et en allant chercher une partie importante de cadres et de personnalités du PS. Pour rappel, Olivier Véran, le ministre de la Santé, Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale mais aussi Gérard Collomb et Christophe Castaner viennent tous du PS. Et, en 2017, Benoît Hamon, le candidat socialiste soutenu par les Verts n’a obtenu que 6%. Une partie importante de l’électorat socialiste est partie chez Macron.

Le Président de la République a aussi été chercher des personnalités à droite avec Gérald Darmanin, Bruno Le Maire et bien sûr Edouard Philippe. Et il sait qu’un nouveau succès en 2022 passera nécessairement par un nouvel affaiblissement de la droite, des Républicains.

Premier épisode en région PACA

Renaud Muselier, Christian Estrosi et Hubert Falco.
Renaud Muselier, Christian Estrosi et Hubert Falco. © Belga

Sur quelques jours la semaine dernière, le camp Macron est quasiment parvenu à déstabiliser les Républicains en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Et cela, en tentant de faire une liste commune dans cette région avec la liste de Renaud Muselier. Renaud Muselier est membre des Républicains mais aussi un Macron-compatible. C’était le scénario idéal.

Mais les patrons de la droite sont montés au créneau, refusant ce qu’ils ont perçu comme un piège du camp Macron pour l’affaiblir à un an de la présidentielle. Résultat, le mariage n’a pas eu lieu. Renaud Muselier a dû reculer. Il y aura une liste Les Républicains et une liste La République en Marche. Une liste qui n’a aucune chance de gagner. Mais la droite s’est quelque peu fissurée. Officiellement, Christian Estrosi, le puissant maire de Nice et Hubert Falco, le maire de Toulon, plutôt proches d’Emmanuel Macron ont claqué la porte des Républicains. L’épisode laissera des traces.

Episode deux dans les Hauts-de-France

Né à Maubeuge, Dupond-Moretti n’a rien à perdre à se présenter sur les listes lors des régionales de juin, surtout qu’il est dans sa région.
Né à Maubeuge, Dupond-Moretti n’a rien à perdre à se présenter sur les listes lors des régionales de juin, surtout qu’il est dans sa région. © GONZALO FUENTES - AFP

Dans cette région du nord de la France, la liste de La République en Marche est aussi donnée très loin dans les sondages. Et pour donner un "léger coup de fouet" à ses troupes, Emmanuel Macron a dépêché son ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, sur la liste. L’avantage, c’est que Dupond-Moretti n’a rien à perdre et surtout qu’il est dans sa région. Il est notamment né à Maubeuge.

A travers cette désignation, la cible principale est Xavier Bertrand. Le président de la région qui part comme favori, est aussi et surtout celui qui pourrait être le candidat de la droite en 2022. Xavier Bertrand se présente comme un gaulliste social. Il n’incarne pas la droite dure, il pourrait aller chercher des voix au sein de l’électorat de Macron. Une large victoire de Xavier Bertrand aux régionales ne serait donc pas un message positif. Le camp Macron veut l’affaiblir.

Pour justifier tout cela, le camp Macron cible le Rassemblement national

Au jour d’aujourd’hui, Marine Le Pen, c’est en tout cas ce que disent tous les sondages, est la principale adversaire d’Emmanuel Macron. Ce n’est donc pas pour rien qu’Emmanuel Macron parle beaucoup de sécurité et d’identité, plus que de social. La sécurité, l’identité et l’immigration, les priorités de la candidate du Rassemblement national qui tente un maximum de faire oublier l’image d’extrême-droite de son parti et de son père.

Et dans les sondages, ça semble a priori marcher. En PACA comme dans les Hauts-de-France, le Rassemblement national est en bonne forme. Il y est implanté. L’arrivée sur la liste de la République en Marche d’Eric Dupond-Moretti est à cet égard, tout un symbole. Il se veut l’anti-Le Pen. En 2015, il avait notamment proposé d’interdire le Front national qui n’était pas, pour lui, un parti républicain. " Jean-Marie Le Pen est raciste depuis toujours. C’est une petite entreprise qui ne fonctionne pas mal. Lui s’est occupé des Juifs, Marine Le Pen s’occupe des musulmans. C’est un parti qui n’est pas républicain qui a été condamné 19 fois. "

Emmanuel Macron n’est pas encore officiellement candidat mais il peaufine déjà sa stratégie pour gagner dans un an.

Archives JT sujet du 06/02/2019

Emmanuel Macron : fichu ou nouveau départ ?

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