L’histoire débute fin mars 1878 au charbonnage de Bernissart, dans la Fosse Sainte-Barbe. Des mineurs qui y creusaient une galerie à 322 m de profondeur rencontrent une poche d’argile. Au lieu de la contourner, ils décident de la traverser et tombent sur des troncs d’arbres remplis d’or ! Hélas pour eux – mais heureusement pour la paléontologie – ces étranges fûts dorés sont en réalité des ossements fossilisés de dinosaures incrustés de pyrite, un minerai aux reflets dorés.
Composé de disulfure de fer (FeS2), ce minéral a les reflets de l’or mais n’en a pas la valeur, d’où son surnom d’or des fous. Les squelettes des iguanodons de Bernissart en étaient incrustés. Recouverts par l’argile des marais, les cadavres de ces dinosaures se sont décomposés sous l’action de cyanobactéries. L’acide ainsi dégagé a réagi avec le fer contenu dans l’argile, donnant de la pyrite qui, petit à petit, a obstrué les nombreuses cavités des ossements.
En fait, ce sont des dizaines de squelettes de dinosaures, complets, en bon état, tombés dans un " cran ", entre deux couches de houille. Le Cran des Iguanodons, c’est le nom qu’a reçu la poche d’argile dans laquelle ils gisaient. Plusieurs galeries y ont été creusées à -322 m. À l’entrée de la principale, en bordure de cran, deux iguanodons se présentent verticalement, le crâne vers le bas. Les autres squelettes, plus au centre, sont à peu près à l’horizontale. Au fur et à mesure qu’ils sont dégagés, ils sont divisés en blocs. Ceux-ci – près de 600 au total – sont enduits de plâtre et remontés à la surface dans des wagonnets tirés par des chevaux.