Le + grand musée

A visiter : Beauvechain , l'aviation militaire belge à l'honneur

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Par Christian Rousseau

En 1996, lorsque le 1er Wing de chasse de la Force aérienne belge est dissous, c’est sans doute l’une des plus glorieuses pages de notre histoire militaire qui se tourne. Etabli à Beauvechain aux lendemains de la seconde Guerre mondiale, le 1er Wing était le pivot de la défense aérienne du territoire.

En Belgique, l’aviation est une vieille affaire. Commencé timidement avant la première Guerre mondiale, son développement prendra une importance affirmée durant ce conflit où de nombreux " as " belges révéleront l’étendue de leurs talents. Durant l’entre deux guerres, c’est plutôt l’aviation civile qui allait s’épanouir avec, très tôt, des lignes régulières vers les capitales européennes.

Ensuite, c’est le rêve de relier la Belgique à l’Afrique centrale qui va mobiliser d’anciens pilotes militaires pendant des années. Après bien des tentatives, ce n’est qu’en 1935 que la première liaison régulière Bruxelles-Léopoldville sera opérationnelle. C’est également cette année-là que l’Aéronautique militaire (appellation, à l’époque, de l’aviation militaire belge) aménage une piste sommaire aux abords du petit village de Beauvechain, dans le Brabant wallon.

Ce genre de terrain, en herbe, sans installations en dur à l’exception d’une ferme préexistante, était destiné à disperser les appareils en cas de conflit. D’autres verront le jour un peu partout dans le pays au même moment. Il est vrai que la menace d’une nouvelle guerre s’amplifie de mois en mois depuis l’arrivée au pouvoir en Allemagne d’un certain Adolf Hitler. L’Aéronautique militaire cherche alors à se rééquiper avec des appareils de dernière génération ; ce qu’elle n’arrivera à faire que très partiellement.

Le 10 mai 1940, à l’aube, la Lufwaffe surprend au sol l’aviation belge et détruit en quelques minutes l’essentiel d’une flotte qui comptait quand même près de 400 appareils… Les quelques survivants tenteront de remplir leurs impossibles missions jusqu’à la destruction en combat, ou l’épuisement du carburant et des munitions. Cependant, quelques pilotes réussiront à passer en Grande-Bretagne et s’intégreront dans la Royal Air Force où, dès novembre 1941, un certain nombre d’entre eux seront regroupés au sein du Squadron (Belgian) n° 350. Rejoints en 1943 par une seconde unité, la 349th, les Belges prendront part à toutes les grandes batailles sur le front européen (Dieppe, Normandie, Opération Market Garden, Bataille des Ardennes, Campagne d’Allemagne…) pour finalement être regroupés en une seule grande unité (un " wing ").

En octobre 1946, les deux escadrilles reviennent en Belgique et prennent leurs quartiers sur la base aérienne de Beauvechain. Lors de la création officielle de la Force aérienne belge - Belgische Luchtmacht - Belgian Air Force, elles forment le 1er Wing de Chasse au sein duquel elles resteront jusqu’en 1993. Trois ans plus tard, les deux escadrilles seront disjointes : la 349e migrera vers Kleine-Brogel et la 350° à Florennes.

 

Le 1er Wing de chasse, unité d’élite vouée à l’interception pure, sera toujours équipé des meilleurs avions, comme le Gloster Meteor, le Hawker Hunter, l’Avro Canada CF 100 "Canuck" ou, plus tard le F104 et le F16.

C’est également au sein du 1er Wing de chasse qu’une des patrouilles acrobatiques les plus époustouflantes du monde verra le jour en 1968 sous le nom de The Slivers. Les deux F104 de la formation effectuaient sous les yeux éberlués du public des vols synchronisés à basse altitude et à grande vitesse ; un exercice particulièrement risqué sur cet avion conçu au départ pour l’interception à haute altitude et qui traînait une réputation douteuse.

C’est également au 1er Wing de chasse que devait revenir l’honneur d’offrir au Roi Baudouin un vol supersonique en F104 en juin 1969, ce que ne manque évidemment pas de mettre en exergue l’espace muséal.

Aujourd’hui, le 1st Wing Historical Centre a pour vocation d’entretenir la mémoire de ce glorieux passé en proposant au grand public un parcours incluant l’exposition statique d’un grand nombre d’appareils emblématiques. On y trouve même quelques machines inattendues, comme un MIG21 aux couleurs de l’Allemagne de l’Est, ou encore le fameux C130 de l’Armée belge, qui, au printemps 2021, a effectué son tout dernier atterrissage à Beauvechain. Cet avion de transport mythique – qui bien entendu n’a jamais fait partie du 1er Wing de chasse – constitue aujourd’hui l’une des attractions majeures de ce véritable musée de l’aviation militaire belge qui n’ose pas dire son nom…

L’espace muséal proprement dit conserve et expose de très nombreuses " reliques " illustrant les grands moments de ces cinquante ans d’histoire de l’aviation militaire (et même près de 90 ans si on inclut les débuts du terrain de dispersion en 1935 jusqu’aujourd’hui où le " 1er Wing " de la Composante Air occupe toujours la base de Beauvechain).

Le 1st Wing Historical Centre est opéré par une asbl dans laquelle beaucoup d’anciens de la Force aérienne perpétuent leur amour de l’aviation. Au moment de boucler cette émission, on apprenait d’ailleurs la disparition soudaine du Général de brigade aviateur e.r. Guy Van Eeckoudt, ancien pilote de chasse à la 350e escadrille, ancien commandant du 15ème Wing de transport, et président en exercice de l’asbl Golden Falcon, laquelle opère le 1st Wing Historical Centre.

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Infos pratiques

 

1st Wing Historical Centre

Base Lt Col Avi Charles Roman

Rue Longue, 1320 Beauvechain

 

Infos et inscription : 0474/19 92 76

Site: https://1winghistoricalcentre.be

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