Selon Dave Sinardet, il est possible de modifier rapidement les règles pour deux types d’électeurs : les Non-Belges qui peuvent voter pour les élections communales et les Belges qui résident à l’étranger. " Il s’agit de groupes assez grands qui pourraient être convaincus si on simplifiait les procédures d’enregistrement. Pourquoi ne pas automatiquement les inscrire ? Et pourquoi ne pas rendre le vote obligatoire pour ces deux catégories, comme c’est le cas pour les autres ? "
►►► À lire aussi : Que font les partis politiques avec votre argent ?
Le professeur à la VUB pointe aussi des remèdes à long terme : " L’éducation a un rôle plus important à jouer. Dans les programmes scolaires, il faudrait renforcer les formations sur la société et sur la politique. "
Il s’est d’ailleurs rendu lui-même dans les classes avant les élections pour sensibiliser les primo votants aux enjeux des élections. " Je leur explique que la politique, ce n’est pas seulement des hommes gris dans des costumes gris, mais que ça a un impact sur leur vie quotidienne. C’est notamment la politique qui influence la fréquence des bus, les pistes cyclables, si l’on peut porter ou pas le voile… "
Et pourquoi pas des sièges vides ?
Absente de la liste des réformes évoquées dans l’étude, la proposition de l’initiative citoyenne Whytevote n’en est pas moins originale : transformer les votes blancs en sièges. " Le vote blanc doit être comme un choix qui doit être représenté. Si aujourd’hui, le vote blanc est comptabilisé, il n’est pas considéré en tant que tel, au moment de l’attribution des sièges ", explique Laurent, le fondateur de l’initiative.
Dave Sinardet trouve que ce n’est pas une mauvaise idée : " Quand je donne des conférences après les élections, je commence toujours par un slide : le nombre de gens qui n’ont pas voté. A la TV, on voit plein de graphiques sur les résultats et ça arrive toujours à 100%. On ne parle presque jamais de ceux qui se sont abstenus. C’est aussi un signal politique et sociétal qu’il faut capter. "
Le politologue estime que cela permettrait peut-être de conscientiser les classes politiques. " Traduire physiquement ces abstentionnistes en sièges , ça a du sens. Ça reste aussi un choix. Ça pourrait stimuler les partis à convaincre cette partie de la population qui ne vote pas. Mais il faudrait définir les modalités pour garder un taux de proportionnalité suffisant. "
Prochaines élections en 2024
Des initiatives de réformes électorales ont déjà été prises à certains niveaux de compétence. Pour les élections européennes, il sera désormais possible de voter à partir de 16 ans. La Région flamande a décidé de supprimer l’obligation de vote à partir des élections locales de 2024. Elle a également décidé d’abolir les votes de listes et de donner plus de pouvoir aux électeurs dans la désignation des bourgmestres. La Wallonie a, pour sa part, décidé de renoncer entièrement au vote électronique et de revenir au bulletin de vote sur papier.
Ces réformes diverses montrent que l’absentéisme électoral est un sujet important dans notre société. Avec cette étude, le monde académique contribue au débat en élaborant des propositions concrètes. Les différents partis au pouvoir sont-ils prêts à les prendre en compte ces recommandations et à les mettre en place ?