Justice

Accident de Strépy-Bracquegnies : le Parquet fait le point sur la reconstitution

Strépy-Bracquegnies : reconstitution de l'accident du carnaval

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Par Julien Malpas, Martin Caulier et Charlotte Legrand

Un an après l'accident de Strépy, qui a fait, on le rappelle 6 morts et une quarantaine de blessés, une reconstitution était organisée ce jeudi soir sur les lieux des faits, rue des Canadiens. Quelques heures plus tard, le Parquet organisait une conférence de presse. Le point sur l'organisation de cette reconstitution et les premiers enseignements à en tirer.  

© M.C

Les grands moyens ont été déployés, pour s'approcher au maximum des conditions dans lesquelles l'accident est survenu. L'accident avait eu lieu au petit matin, lors du ramassage des gilles. La reconstitution devait donc avoir lieu dans l'obscurité. Elle s'est déroulée entre 20h et 4h du matin. Le véhicule en cause, une BMW, a été amené sur les lieux. Plusieurs figurants ont pris part à la reconstitution. L'un d'eux a même été costumé en gille, pour faire ressortir les couleurs et apprécier les contrastes.

La juge d'instruction avait convié un grand nombre de personnes. Les deux inculpés, bien sûr: Paolo Falzone, le conducteur de la BMW, et Nino, le passager. De nombreux policiers, enquêteurs, experts judiciaires étaient présents sur place. Près de 150 parties civiles assistaient à la reconstitution depuis un centre omnisports tout proche, par vidéo interposée, en compagnie de leurs avocats et soutenues par le service d'aide aux victimes. Du personnel des Maisons de justice et de la Croix-Rouge avait également été mobilisé. "J'ai été frappé par l'atmosphère très sereine dans laquelle s'est déroulée cette reconstitution", nous dira Vincent Macq, le Procureur du Roi de Mons. "Je n'en doute pas, cela a dû être très difficile pour les victimes, les parties civiles. Mais tout s'est déroulé dans une grande sérénité, avec l'aide du personnel d'encadrement. Dans un climat de solidarité. Presque toutes les personnes sont restées jusque la fin de la reconstitution, 4 heures du matin..." 9 témoins sont descendus sur les lieux, dans une atmosphère pesante. Tandis que les 150 autres assistaient à la reconstitution dans un hall omnisport à proximité. Le tout grâce à une retransmission vidéo.

 

Damien Verheyen, une reconstitution de grande ampleur - RTBF (31.03.2023)

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Qu'a-t-on appris suite à cette reconstitution?

Selon les parties civiles, cette reconstitution a permis de démontrer que l’éclairage était suffisant. En revanche, selon l’avocat du conducteur, la reconstitution a mis en évidence le chaos qui régnait ce matin-là, et les contradictions dans les versions des témoins.

Du côté du Parquet, pas de scoop pour la presse, pas de révélation.  "Il faut rester prudent. Il est prématuré de donner des conclusions quant à la reconstitution", annonce Vincent Macq, le Procureur du Roi de Mons. "Les résultats sont couverts par le secret de l’instruction". Le Parquet a toutefois confirmé quelques éléments. Tout d’abord en ce qui concerne la vitesse du véhicule en cause. La voiture en cause roulait bien à plus de 150km/h, peu avant l’impact. Cette BMW était même trafiquée. Paolo Falzone se filmait au moment de l'impact. "Le conducteur dépassait faiblement le taux d'alcool autorisé. En revanche, aucune capsule de protoxyde d'azote n'a été découverte dans le véhicule en cause", contrairement à une rumeur qui avait circulé. Des analyses sont toujours en cours: celles de la voiture, notamment. 

Des éléments tirés de la reconstitution vont être versés au reste du dossier. Il est déjà très conséquent, ont rappelé les autorités judiciaires. Près de 30 enquêteurs de la Police judiciaire de Mons-Tournai planchent sur cette affaire. "À l’heure actuelle, près de 327 auditions ou réauditions ont été menées. Près de 700 PV se retrouvent dans le dossier", a encore précisé Damien Verheyen, le substitut du Procureur du Roi de Mons.

Vers une autre reconstitution ?

La reconstitution organisée hier ne visait à reproduire qu’une seule phase de l'accident: le moment où la dernière victime est percutée par la BMW, à savoir le Gille Frédéric D'Andrea. Pourquoi ne pas avoir organisé une reconstitution plus complète ? Tout simplement car c'est précisément pour ce décès, que Paolo Falzone est poursuivi pour meurtre. Alors que pour les 5 autres victimes, la qualification retenue jusqu'à présent est celle "d'homicide involontaire".

De plus, d'un point de vue technique, il est très difficile de reproduire l'intégralité des faits. La juge d'instruction a fait le choix de se focaliser sur une seule séquence, particulièrement importante. L'hypothèse d'une nouvelle reconstitution n'est toutefois pas à exclure. "Il revient aux parties civiles de formuler des demandes de devoirs d’enquête complémentaires. Des demandes qui seront alors soumises à l’appréciation du juge d’instruction", a conclu Damien Verheyen.

Combien de temps encore?

Les faits se sont déroulés il y a un an. "L'enquête avance tous les jours", a insisté Vincent Macq. "Le timing peut sembler long, mais nous mettons des moyens proportionnés au drame qui s'est produit.  Nous avons tout le souci que cela ne dure pas des années."

Pour l’instant, Paolo Falzone est poursuivi pour le meurtre de l’une des 6 victimes et homicide involontaire pour les cinq autres. Nino, le passager, est quant à lui poursuivi pour non-assistance à personne en danger. Ces qualifications pourraient évoluer. 130 personnes se sont déjà constituées partie civile dans ce dossier. 

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