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Accident de Strépy-Bracquegnies : un an après, l’enquête se poursuit

Le dimanche 20 mars 2022, un important périmètre de sécurité avait été établi par la police sur le site où une voiture avait percuté un groupe de carnavaliers à Strépy-Bracquegnies, près de La Louvière.

© BELGA / NICOLAS MAETERLINCK

Ce dimanche, les rues de Strépy-Bracquegnies vibreront au son des sabots des gilles. Un an après l’accident qui a frappé mortellement plusieurs de ses habitants, l’enquête se poursuit. Un homme est sous les verrous : Paolo Falzone, le conducteur de la voiture. Il est inculpé de meurtre et d’homicides involontaires. Nino, le passager, est lui poursuivi pour non-assistance à personne en danger.

C’était il y a près d’un an. Le 20 mars 2022, rue des Canadiens à Strépy-Bracquegnies, une BMW noire fonce sur un groupe de gilles au carnaval de Strépy-Bracquegnies. Le bilan est très lourd : 6 morts et 30 victimes. Deux hommes étaient arrêtés dont Paolo Falzone, le conducteur de la voiture. Il serait un adepte de vitesse. En 2017, il s’était également vu retirer son permis de conduire en 2017 et avait dû repasser une série d’examens classiques afin de le récupérer.

Un attrait pour la vitesse qui se confirme lorsqu’on analyse ses publications sur les réseaux sociaux. L’homme, se filme régulièrement roulant à des vitesses excessives avant de poster ses vidéos sur les réseaux sociaux.

160 km/h au compteur

C’est l’un des éléments déterminants de ce dossier : la vitesse. Dans les premiers moments qui suivent l’accident, plusieurs témoins évoquent le fait que le conducteur de la BMW roulait très vite. Lors de ses premières auditions, Paolo Falzone, par la voix de son avocat, reconnaîtra qu’il roulait aux alentours de 80/90 km/h.

Cependant, l’enquête démontrera que la vitesse était bien plus élevée, aux alentours de 160 km/h. Elle est pourtant fixée à 50 km/h dans la rue des Canadiens. Une vitesse approximative que les enquêteurs ont pu déterminer grâce à une vidéo retrouvée sur le gsm de Paolo Falzone. Il était en train de se filmer au volant de sa voiture au moment de l’accident.

Drame de Strepy : vitesse excessive confirmée

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Ce matin-là, Paolo Falzone et Nino rentraient de boîte de nuit. Ils avaient déposé une amie chez elle à quelques kilomètres de là. Dans les premiers instants de l’enquête, les policiers se posent la question de la consommation d’alcool ou de stupéfiants. Des analyses sont réalisées mais elles ne révèlent rien de probant. Pour le conducteur de la BMW, l’analyse est très légèrement positive à l’alcool mais aucun stupéfiant n'est détecté. C’est donc la vitesse qui semble au cœur de ce dossier.

L’attitude du conducteur

Comment s’est comporté Paolo Falzone au moment des faits ? C’est la question à laquelle les enquêteurs tentent de répondre. Dans les premiers instants de l’enquête, le parquet communique. Selon l’autorité judiciaire, il apparaît que Paolo Flazone a bien tenté de freiner avant de heurter les premières victimes. Une version qui tente à confirmer les déclarations de l’avocat de Paolo Falzone selon laquelle son client "aurait été surpris par la présence du groupe de gilles sur la chaussée". Il n’en reste pas moins que Paolo Flazone est originaire de La Louvière. Alors, pouvait-il ignorer que le carnaval se tenait ce jour-là ? La question reste entière à ce stade de l’enquête.

Dans un second temps, l’avocat de Paolo Flazone, maître Frank Discepoli, interroge la signalisation autour de la tenue du carnaval. Selon les autorités communales, des panneaux étaient pourtant placés à l’entrée du village pour signaler la présence de festivités locales. De plus, plusieurs victimes présentes ce matin-là, affirment que le groupe était bien encadré par des stewards présents à l’avant et à l’arrière du cortège comme le prévoit l’autorisation communale. Lors d’une conférence de presse donnée par le parquet, Ignacio De La Serna, procureur général de Mons à l’époque précisait "Ils (les gilles) marchaient conformément au code de la route du côté de droit de la chaussée et puis le drame est arrivé. Mais il faut bien penser que le drame, il est dû avant tout à une vitesse excessive du conducteur qui doit pouvoir garder la maîtrise de son véhicule dans n’importe quelles circonstances et s’arrêter".

Depuis, le travail des enquêteurs se poursuit. Ils ont déjà auditionné plus d’une centaine de témoins et victimes présents ce jour-là. Ils ont également analysé des images de caméras de vidéosurveillance présentes dans des habitations le long du parcours de la BMW. Ils ont aussi analysé les traces de pneus retrouvées sur la chaussée et entendu à plusieurs reprises Paolo Falzone et Nino.

Inculpation pour meurtre et homicides involontaires

Depuis lors, Paolo Falzone a été placé sous mandat d’arrêt et inculpé de meurtre pour l’une des six victimes et d’homicides involontaires pour les cinq autres. Et la différence est de taille. L’inculpation pour meurtre signifie, qu’aux yeux de la justice, il y aurait intention de donner la mort. Cette inculpation, si elle devait être conservée, ouvrirait d’une part la voie à procès d’assises et d’autre part, elle pourrait mener à des peines beaucoup plus lourdes allant jusqu’à 30 ans de prison. Une condamnation éventuelle pour homicide involontaire donnerait lieu à une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison. De son côté, Nino, le passager de la voiture est, lui, inculpé de non-assistance à personne en danger.

Strepy-Bracquegnies : les faits partiellement requalifiés

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Analyse de la voiture et reconstitution

Aujourd’hui, près d’un an après les faits, le travail des enquêteurs n’est pas terminé. L’analyse des données techniques de la voiture devrait permettre de confirmer certains éléments. Les enquêteurs doivent encore déterminer l’attitude du conducteur dans les minutes qui ont suivi le choc. Pourquoi ne s’est-il pas directement arrêté ? A-t-il tenté de fuir ou n’était-il simplement plus en mesure de voir ce qu’il se passait sur la chaussée ? Pour répondre à ces questions, il ne fait nul doute que les enquêteurs procéderont à une reconstitution des faits.

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