C’est un des derniers anciens mineurs de cette génération d’immigrés italiens en Belgique. Lino Rota a quitté la Lombardie en 1948, deux ans après la signature de l'"accord charbon" qui a 75 ans cette année. Après 55 ans de vie en Belgique, cet ancien mineur est revenu au "bel paese" par amour. Nous l’avons rencontré avec sa femme Mariuccia dans le village de Nembro, où il a fondé un musée de la mine en hommage à ses compagnons du fond.
Ma mère avait mis dans ma valise une tranche de polenta
"Je suis parti d’ici très pauvre et très jeune, j’avais 19 ans mais j’étais encore un gosse, je ne savais pas ce que c’était que ce charbonnage, la mine, je pensais que c’était des carrières. On ne nous a rien expliqué !", explique Lino qui a connu les baraquements où vivaient les anciens prisonniers de guerre allemands.
L’homme aujourd’hui âgé de 92 ans se souvient encore très bien de ce long voyage en train qui l’amènera à Souvret, près de Courcelles : "Je suis resté trois jours à Milan, pour faire des visites médicales et toutes sortes d’affaires. Nous étions 700 à 800 ouvriers à partir toutes les semaines vers la Belgique. Les wagons étaient complets, on n’avait presque pas de place, heureusement qu’on avait notre valise pour s’asseoir. Ma mère m’avait mis une tranche de polenta avec du fromage, elle est restée trois jours dans ma valise", explique-t-il encore amusé.