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Accord de la Cop15 sur la biodiversité : "Game-changer", "résultat historique" pour les uns, tout reste à faire pour les autres

Dans les rangs politiques, l'accord conclu dans la nuit de dimanche à lundi à Montréal, entre les parties à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique, est volontiers qualifié d'"historique". Les ONG soulignent des éléments positifs mais réagissent plus prudemment.

Pour la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, l'issue de la COP15 est bien le complément attendu à l'accord de Paris sur le climat. "Il est très positif que nous ayons à la fois des objectifs mesurables, (...) et un mécanisme de financement de leur mise en œuvre, avec le Fonds mondial pour la biodiversité", a observé l'Allemande dans une déclaration, lundi. La "solidarité internationale" n'a pas non plus été oubliée, selon elle, même si des pays du Sud ont clairement laissé entendre leur mécontentement sur cette question. 

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Pour la ministre fédérale du Climat Zakia Khattabi (Ecolo), l'accord conclu dans la nuit répond aux attentes. "Un nécessaire équilibre a été atteint et c'est dessus que nous devons désormais nous appuyer", indique-t-elle lundi. La ministre souligne avant tout que "l'objectif de 30X30 est retenu", un "game-changer" selon elle.

Ces objectifs chiffrés font référence à la volonté de créer des aires protégées sur 30% des terres et zones côtières et maritimes d'ici 2030. Parallèlement, il faudrait restaurer 30% des écosystèmes dégradés, tout en portant à "au moins 30 milliards" de dollars l'aide annuelle pour la biodiversité dans les pays en développement. "Lors de la COP16 en 2024, la communauté internationale se réunira à nouveau pour faire le point sur les progrès accomplis et prendre des mesures supplémentaires si nécessaire", observe le cabinet de la ministre. 

La ministre wallonne de l'Environnement Céline Tellier, également présente au Canada, estime que le monde dispose désormais "d'une feuille de route précise, chiffrée et dotée de moyens inédits pour protéger bien mieux la nature, les écosystèmes et les espèces et restaurer les habitats naturels dégradés". "La Wallonie s'inscrira bien entendu dans l'accord de la COP, tout en le considérant comme un commencement", note-t-elle.

Belles paroles? 

Du côté des ONG, les réactions sont nuancées. Le WWF souligne l'importance de l'engagement à arrêter puis inverser l'actuelle perte de biodiversité à l'échelle mondiale. Mais met en garde contre les risques que ces belles paroles ne soient pas mises en pratique si les Etats eux-mêmes n'embraient pas avec des textes législatifs ambitieux au niveau national.

"La biodiversité n'a jamais été placée aussi haut à l'agenda politique et des affaires, mais l'accord pourrait être sapé par une implémentation lente ou le manque de mobilisation des ressources promises. Il manque d'un mécanisme obligatoire qui tiendrait les gouvernements pour responsables si les objectifs ne sont pas rencontrés", observe via communiqué Marco Lambertini, directeur général de WWF International.

La volonté de faire suivre l'accord, conclu par 196 pays, d'effets concrets pourra être vérifiée dès mardi, quand les ministres de l'Environnement de l'UE se réuniront pour un premier échange sur la proposition de la Commission d'un règlement sur la restauration de la nature, note le WWF. Ce texte tel que proposé par l'exécutif européen comprend justement des objectifs contraignants de restauration d'écosystèmes dégradés.

Greenpeace, autre organisation de défense de l'environnement, met pour sa part l'accent sur l'importante reconnaissance des droits des peuples indigènes, et de leur rôle primordial pour la préservation de la biodiversité. "Un financement direct aux peuples indigènes est une prochaine étape critique", note An Lambrechts, à la tête de la délégation de l'organisation à la COP15.

Globalement, Greenpeace estime cependant que l'objectif "30x30", principal trophée de l'accord, n'est en l'état qu'un "nombre vide, avec des protections prévues sur le papier mais nulle part ailleurs". Il manque selon An Lambrechts de critères essentiels qui excluraient toute activité dommageable des zones protégées. Parallèlement, l'objectif de financement de l'aide internationale pour la biodiversité reste bien en-deça des besoins, estime l'organisation.

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