Belgique

Accord salarial : trois fois rien, ce n’est pas rien

Les coulisses du pouvoir

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Petit miracle rue de la loi, un accord sur un dossier très sensible : le gel des salaires pour les deux prochaines années. Entre aile droite et aile gauche on parvient encore à un compromis et on donne un peu d’oxygène à Alexander de Croo.

Le zéro et l’infini

Oui mine de rien, l’obstacle était important. Zéro % de marge d’augmentation des salaires pour les deux prochaines années, hors indexation, c’est du jamais vu. Le genre de truc qui peut déclencher un conflit social majeur.

Pourquoi zéro en plus de l’indexation ? Parce que les autres pays européens n’ont pas d’indexation automatique. Nos salaires ont été mieux protégés qu’ailleurs, de 5% environ. Pour le conseil central de l’économie, il n’y avait donc plus de place pour des augmentations de salaires supplémentaires, sauf à vouloir enterrer définitivement la compétitivité des entreprises belges.

La question était au fond une profonde réflexion sur le statut ontologique du zéro, du néant, du rien. Négocier une marge de zéro, pour les patrons ce n’est pas rien, puisqu’il y a déjà l’indexation. Pour les syndicats zéro, c’est rien. Ce n’est pas moins que rien, car il y a l’indexation c’est vrai. Mais enfin comme disait Raymond Devos, rien c’est déjà quelque chose, car pour trois fois rien on peut déjà acheter quelque chose. Et pour pas cher !

Moins pour les allocations…

Le gouvernement devait donc assumer le zéro, le rien, et il y est parvenu. Heureusement, il devait aussi se mettre d’accord sur un autre dossier sur lequel patrons et syndicats ont échoué à s’entendre, l’enveloppe bien être, 1 milliard destiné à revaloriser les allocations sociales. Le gouvernement devait donc s’entendre sur trois fois rien et un milliard d’euros. Et quand il faut dépenser de l’argent, c’est tout de suite plus facile pour trouver un compromis. Plus facile, mais pas si facile. Les libéraux bloquaient l’augmentation des allocations de chômage afin d’éviter les pièges à l’emploi. Des libéraux rejoints par le CD&V et Vooruit. Les socialistes ont donc dû céder sur ce point. Une partie de l’enveloppe servira à revaloriser les salaires et il y aura moins pour la revalorisation des allocations de chômage.

…et des primes

Pour les salaires, il y aura des primes. Là c’est l’aile gauche du gouvernement qui triomphe. Comment augmenter les salaires si la marge est de zéro ? Parce que rien ce n’est pas rien, la preuve avec trois fois rien on peut déjà acheter quelque chose. Le gouvernement opte pour des primes uniques de 500 à 750 euros qui seront négociées secteur par secteur pour les entreprises qui font des bénéfices élevés.

Restart

Avec cet accord la Vivaldi tient-elle un nouveau départ ? C’est ce qu’espère Alexander de Croo. Il compte sur une forme de reset ou de restart de son gouvernement, un nouveau départ qui a été négocié ce week-end via des consultations entre les présidents de la Vivaldi. On aurait évoqué la question Georges Louis Bouchez, mais aussi d’autres questions soulevées par Sammy Mahdi, président du CD&V, envers la méthode de Croo. Les grandes lignes de l’accord salarial y ont été tranchées, on y a parlé de la question de possibles réquisitions dans le dossier nucléaire ainsi qu’une ébauche de la fameuse réforme fiscale. Celle-ci pourrait aboutir dans les prochaines semaines au mieux, au pire au printemps. Alexander De Croo a acheté une fragile dynamique. Très fragile.

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