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Acteur, poète, boxeur...: qui est Yaïr Lapid, le rival de Netanyahu, chargé de former le nouveau gouvernement israélien ?

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C’est au centriste Yaïr Lapid que revient la mission de former le prochain gouvernement israélien. Mandaté mercredi soir par le président Reuven Rivlin, il a 28 jours pour former une coalition.

Le dirigeant du Yesh Atid reprend donc le flambeau après l’échec de Benjamin Netanyahu. L’objectif : éviter une cinquième élection en l’espace de deux ans. Et surtout, arracher le pouvoir des mains du Premier ministre sortant.

Mais qui se cache derrière le chef de l’opposition israélienne ?

Un parcours éclectique

A 58 ans, Yaïr Lapid est une figure bien connue des Israéliens. Acteur, poète, boxeur ou encore chanteur, son curriculum vitae est plutôt varié. Mais c’est surtout en tant que journaliste que le chef de l’opposition s’est fait remarquer. Il fait ses débuts en presse écrite : il écrit pour la gazette de l’armée israélienne et signe ensuite dans plusieurs grands quotidiens du pays. Quelques années plus tard, il s’illustre à la télévision. Présentateur star pour le petit écran il anime "Ulpan Shishi", une émission populaire. Sa carrière décolle et avec elle, l'attachement du téléspectateur israélien moyen.

Ce n’est qu’en janvier 2012 que celui qu’on surnomme le "George Clooney israélien" se lance en politique. Il crée alors son propre parti, Yesh Atid, littéralement "Il y a un avenir". Un parti centriste, laïc et proche du peuple. "C'est le parti de la normalité. Nous avons réuni toutes les composantes de la société, avec l'espoir de changer les choses" soulignait à l'époque le rabbin Shaï Piron, deuxième sur la liste

Seul bémol dans cette success story, le centriste n'est pas très apprécié des juifs orthodoxes. Au contraire. Son aspiration à vouloir la suppression de l'exemption de service de militaire accordée aux étudiants ultra-orthodoxes n'y est certainement pas pour rien. A l'époque, son passé de vedette lui est également reproché. "La victoire de Yaïr Lapid est la victoire de la politique moderne, celle de la politique d'internet et de la télé-réalité", commentait à l'époque Yossi Verter, l'analyste politique du média israélien Haaretz. "Son expérience se résume à présenter des émissions de télévision et à écrire des scénarios et des éditoriaux."

Toujours est-il que le succès du parti est autant immédiat qu’inattendu : Yesh Atid réalise une percée aux élections. La nouvelle formation politique remporte pas moins de 19 sièges. Dès 2013, Yaïr Lapid devient même ministre des Finances dans le troisième gouvernement de Benjamin Netanyahu.


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La famille Lapid

Cette vocation soudaine pour la politique ne vient peut-être pas de nulle part. Dix ans plus tôt, un autre Lapid occupait un poste ministériel. En 2003, un certain Yosef Tommy Lapid, le défunt père de Yaïr, devient en effet ministre de la Justice. Après avoir quitté le gouvernement un an plus tard, ce laïc convaincu devient lui aussi chef de l’opposition.

Les deux hommes partagent donc un même goût pour la politique… mais aussi pour le journalisme. Yosef Tommy Lapid était lui aussi une figure importante du journalisme israélien. Après avoir signé des papiers pour la presse écrite, l’homme est même devenu directeur général du média public israélien. L’histoire se répète.

Quant à la mère de Yaïr Lapid, Shoulamit Lapid, c'est une grande écrivaine de polars. Elle aussi est donc bien connue des Israéliens. 


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Le rival de Netanyahu

Depuis ses débuts en politique, Yaïr Lapid se présente comme un défenseur des classes moyennes. Dès 2012, le centriste ne ménage pas la classe politique, dominée à l'époque par Benjamin Netanyahu. S’il devient ministre dans le gouvernement de "Bibi" en 2013, ce sera bien la dernière fois. Plus question par la suite de s’accorder avec le Likoud. C’est ainsi qu’en 2020, Yaïr Lapid rompt son alliance avec la coalition Bleu-Blanc, alors qu’elle s’apprêtait à monter au pouvoir avec Benjamin Netanyahu.

Les désaccords entre Benjamin Netanyahu et son ancien ministre des Finances n’ont donc rien de secret. A la veille des élections du 23 mars dernier, Yaïr Lapid n’hésitait pas à fustiger le parti du Premier ministre sortant. "Il n’y a que deux options. Soit un Yesh Atid fort. Soit un gouvernement des ténèbres, raciste et homophobe qui prendra l’argent de ceux qui travaillent et le transférera à ceux qui ne travaillent pas", avait-il déclaré.

Il est clairement apparu que le député Lapid avait le plus de chance de former un gouvernement

28 jours pour former un gouvernement

Les choses sérieuses commencent donc pour Yaïr Lapid. Le chef de l’opposition doit rassembler une majorité de 61 députés sur les 120 que compte la Knesset. Mais si le Yesh Atid est arrivé en deuxième aux élections avec 17 députés, il lui faudra tout de même rassembler plusieurs forces politiques. Yaïr Lapid peut certes déjà compter sur les partis de gauche (Meretz et Travaillistes) ainsi que sur la droite hostile à Benjamin Netanyahu, mais il n’y a pas moins de 13 partis en Israël. Il devra donc impérativement s’entendre avec d’autres formations.

Qu’à cela ne tienne, "un gouvernement d’union n’est pas un compromis ou une solution de dernier recours, mais un but. C’est ce dont nous avons besoin", se défend le chef de l'opposition. Yaïr Lapid réussira-t-il là où Benjamin Netanyahu a échoué ? Si l’on en croit le président Reuven Rivlin, "des recommandations reçues il est clairement apparu que le député Lapid avait le plus de chance de former un gouvernement".

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