1. Comment rentre-t-on dans l’OTAN ? Est-ce le même style de procédure que pour adhérer à l’UE ?
C’est un processus très réglementé, ritualisé et qui se déroule en plusieurs étapes. Tout d’abord, il faut qu’un état tiers soit intéressé et formule une demande d’adhésion auprès de l’OTAN. C’est ce que viennent de faire la Suède et la Finlande. Ensuite, au niveau du conseil de sécurité de l’Atlantique, qui est l’organe de décision politique suprême de l’Alliance, on décide ou non de lancer des pourparlers d’adhésion et cela a travers d’un programme baptisé "Membership action program" ou MAP ou encore "plan d’action pour l’adhésion" en français.
Une fois que les États membres se sont mis d’accord sur le fait qu’un pays pouvait devenir potentiellement membre, alors le plan d’action pour l’adhésion est lancé. C’est moins compliqué que d’adhérer à l’Union Européenne parce qu’il y a moins de secteurs à couvrir. Pour l’UE, il faut répondre à une série de standards qui sont très variés en économie, climat, droits humains… Dans le cadre de l’OTAN, il y a un cahier des charges effectivement mais il concerne très majoritairement les questions de défense. Donc, si vous avez vos institutions de défense qui fonctionnent selon les critères de l’OTAN, c'est-à-dire qu’elles sont à la fois soumises aux politiques, qu’il n’y a pas de risques de coups d’état des institutions militaires, pas de corruption, et interopérables avec les institutions de l’OTAN, alors c’est moins compliqué qu’un cahier des charges de l’UE où les agendas sont beaucoup plus complexes.
Une fois que les États membres se sont mis d’accord sur le fait qu’un pays pouvait devenir potentiellement membre, alors le plan d’action pour l’adhésion est lancé
Je prends par exemple le dernier venu de l’Alliance, la République de Macédoine du Nord. Elle a été incluse dans le MAP en 1999 mais ce n’est qu’en mars 2020 qu’elle est entrée. C’est aussi parce qu’il lui fallait toutes une série de réformes importantes. Le Monténégro, autre exemple, a rejoint le MAP en 2009 et est devenu membre en 2017. Ça peut donc varier en fonction des États. Et puis, une fois que l’Alliance estime qu’un État peut devenir membre, le plan d’action d’adhésion est lancé et des pourparlers commencent avec une équipe de l’OTAN qui est désignée pour gérer ses négociations. Le pays souhaitant adhérer doit donc s’engager à faire les réformes nécessaires pour adhérer à l’OTAN.
Et c’est la règle dans l’Alliance, toutes les décisions doivent être prises par consensus, c'est-à-dire par unanimité. Tous les États membres doivent être d’accord, il n’y a pas de vote à main levée, il y a une procédure de silence. Cela signifie qu’une proposition est faite et si les États membres au bout d’un certain temps n’ont pas objecté, alors c’est décidé.