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"Adoption, je t’aime moi non plus" : la dure réalité derrière l’apparente idylle

Adoption

© Morgane Productions

L’adoption, on la voit souvent comme une source de joie immense, avec d’un côté le désir fort de couples souhaitant devenir parents, et de l’autre, un enfant abandonné qui va enfin être sauvé et avoir une famille. Pourtant, la venue de l’enfant tant désiré se révèle souvent source de profonde souffrance, voire d’échec. Ce documentaire brise le mythe de la famille parfaite à travers le témoignage de 7 familles qui évoquent leur parcours avec tact et transparence.

Stéphanie Malphettes a longtemps été journaliste avant de se former à la psychothérapie. À travers des documentaires et émissions de télévision, elle s’est intéressée à des sujets douloureux comme la fin de vie, le VIH, et bon nombre de facettes de la parentalité.

Partant du constat pour l’adoption que "chacun arrive vers l’autre avec ses propres blessures et sa fragilité. Il est rare que cela se passe bien", elle a réalisé ce documentaire poignant sur les difficultés de l’adoption, tant pour les adoptants que pour les adoptés. Un film riche de par ses témoignages, à la fois du point de vue des parents mais aussi de ces enfants, aujourd’hui adultes. Ce qui permet à chacun d’avoir des années de recul pour pouvoir revenir sereinement sur son parcours et d’en tirer, pour nous, des conclusions objectives.

Adoption, je t'aime...moi non plus

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Ce documentaire est déculpabilisant pour les familles qui vivent des difficultés dans leur relation avec cet enfant adopté qu’ils ont tant désiré et qui souffre, les rejette. Au départ, il y a une rencontre, mais elle se fait avec les blessures de chacun : souvent des parents qui n’ont pas su avoir d’enfants, et des enfants qui ont été abandonnés, maltraités, pas aimés. Mais si pour les premiers, l’attente est forte, pour les seconds, on comprend vite que cela peut s’avérer compliqué : même s’ils vivaient dans un orphelinat, ils étaient enracinés dans un foyer duquel des inconnus viennent les enlever.

C’est alors un long parcours d’apprivoisement et d’apprentissage d’amour qui attend ces couples. Parfois cela se fera sans embûches, parfois cela prendra des années. Et parfois même, cela se terminera par un échec. Nathalie, maman de Avantika et de Sonia, adoptées en Inde, fait cette constatation : "La relation ne se fait pas forcément systématiquement. On doit se rencontrer. Il faut le vouloir." La maman naturelle de Sonia est décédée lorsque le bébé avait 6 mois et à partir de là, la petite a cessé son développement psychomoteur. Nathalie va la chercher en Inde lorsqu’elle a 16 mois. "Elle a refusé longtemps de s’alimenter. Elle attendait à la porte que quelqu’un vienne la chercher" se souvient Nathalie. Elle repoussait sa mère adoptive car elle voulait être avec sa mère biologique.

Sonia dans un orphelinat en Inde
Sonia dans un orphelinat en Inde © Capture d'écran

Il subsiste aussi des marques dues à l’abandon. Grégory, adopté à l’âge de 18 mois en Bulgarie : "Le fait d’avoir été abandonné, pour moi, c’est une douleur, c’est une cicatrice. L’adoption, c’est quelque chose que tu vivras, quoi qu’il arrive, toute ta vie. C’est aussi le fait, quelque part, d’oublier une partie de soi-même".

Des séquelles de maltraitance aussi, comme Grégory et Paola, enfants colombiens adoptés à l’âge de 6 et 4 ans par Claudia, elle-même d’origine colombienne, et Louis. De graves violences physiques et psychologiques ont mené la petite fille à développer des comportements sexuels pressants à un âge précoce et face auxquels les parents n’ont pas su faire face. "J’ai échoué" dit la maman. "Elle n’est plus avec nous, on l’aime, et ce qu’on veut c’est qu’elle puisse s’épanouir en tant que femme. J’espère qu’elle sent notre amour. Son frère a énormément de problèmes aussi mais on continue avec les deux, on cherche des solutions pour l’un et pour l’autre."

Des parcours semés d’embûches mais qui font dire à l’arrivée à tou.te.s que leurs parents adoptifs sont bel et bien leurs parents.

"Adoption, je t’aime moi non plus", c'est ce lundi 12 décembre à 20h35 sur La Trois, et en replay sur Auvio.

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