La campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012 a été "une dinguerie" et à la fin tout est "parti en sucette", a expliqué jeudi au tribunal judiciaire de Paris Jérôme Lavrilleux, seul à l'UMP à avoir admis sa responsabilité au procès pour les dépenses excessives de la campagne de l'ancien chef de l'Etat.
A l'époque directeur-adjoint de la campagne et directeur de cabinet de Jean-François Copé, patron de l'UMP (devenu Les Républicains), M. Lavrilleux a reconnu avoir couvert le système de double facturation mis en place pour éviter que les comptes de campagne de M. Sarkozy dépassent le montant légal autorisé, mais il a répété l'avoir découvert tardivement.
Pour lui, c'est avant tout "l'inorganisation totale" de la campagne qui a conduit à ce désastre. Quatorze personnes dont l'ancien président Nicolas Sarkozy - absent à l'audience - sont jugées dans cette affaire.
Jérôme Lavrilleux a affirmé ne pas avoir participé aux réunions des experts comtables de la campagne qui dès le mois de mars, avaient mis en garde contre le dérapage des comptes. Appelé à la barre, Pierre Godet, un des experts-comptables, a confirmé qu'il ne l'a jamais rencontré.
"Je ne veux pas briser un fantasme sur le fait que tout ceci ait été planifié longtemps à l'avance mais en fait tout s'est passé au fil de l'eau, de manière empirique", a encore affirmé le prévenu, rappelant que c'était l'Elysée qui prenait toutes les décisions stratégiques.
En mars 2012, admet-il cependant, quand Franck Attal, le responsable de la filiale événementielle de Bygmalion chargée d'organiser les meetings, est venu le voir car inquiet du paiement des fournisseurs de la campagne, il lui a proposé de facturer l'UMP. M. Lavrilleux a dans tous les cas nié avoir eu l'idée de ces méthodes de paiement.