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Affaire Chebeya: Kinshasa s'étrangle d'un témoignage mettant J. Kabila en cause

Le général Numbi, mis en cause par un témoignange dans l'assassinat de Floribert Chebeya

© AFP PHOTO/JUNIOR KANNAH

Par Belga News

Interrogé sur Radio France internationale (RFI), le major Mwilambwe, qui était responsable de la sécurité des locaux où Floribert Chebeya a été assassiné, a affirmé qu'il avait été témoin, via une caméra de surveillance, du meurtre en juin 2010. S'en étant inquiété auprès d'un de ses chefs, celui-ci lui aurait répondu: "j'ai reçu l'ordre du président de la République par (le) canal du général John Numbi".

Quelques heures après la diffusion des déclarations de Paul Mwilambwe, le gouvernement congolais a déploré "un témoignage visant à détruire la crédibilité de son président". Selon le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, ce témoignage "très peu crédible" vise à "détruire la crédibilité, l'honorabilité d'un chef d'Etat et des institutions d'un pays".

Le major Mwilambwe, qui dit avoir pris la fuite après avoir été enlevé à plusieurs reprises et menacé par ses pairs, avait déjà fait des déclarations du même genre - bien que moins explicites - au cinéaste belge Thierry Michel, réalisateur du film "l'affaire Chebeya un crime d'Etat?".

Etouffement ?

Sur l'écran de la caméra de surveillance, explique-t-il cette fois à RFI, il aurait vu les policiers étouffer Floribert Chebeya avec un sac plastique et du scotch, après qu'ils furent venus le chercher dans son bureau où il avait attendu une heure.

Militant respecté et connu, Floribert Chebeya, 47 ans, secrétaire exécutif de l'ONG La Voix des sans-voix (VSV), s'était rendu le 1er juin 2010 avec son chauffeur à l'Inspection générale de la police à Kinshasa pour un rendez-vous avec le général Numbi, à l'époque inspecteur général de la police nationale congolaise (PNC).

Le corps de Floribert Chebeya avait été retrouvé dans sa voiture le lendemain, le 2 juin 2010, les poignets portant des marques de menottes. Celui de son chauffeur, Fidèle Bazana Ebadi, n'a jamais été retrouvé.

Le général Numbi nie

Le général Numbi, personnage important de RDC - qui était auparavant chef d'état-major de la Force aérienne et qui a notamment participé à plusieurs cycles de négociations avec les autorités rwandaises - a été suspendu de ses fonctions. Il affirme n'avoir jamais donné rendez-vous à M. Chebeya.

A la suite de l'enquête, huit policiers ont été mis en cause, dont l'adjoint de Numbi, et trois ont pris la fuite, parmi lesquels Paul Mwilambwe. Le 23 juin 2011, la cour militaire de Kinshasa a condamné à mort le principal suspect, le colonel Daniel Mukalay, numéro 2 des services spéciaux de la police, ainsi que les trois policiers en fuite, jugés par contumace. Un autre policier a été condamné à la prison à perpétuité et trois ont été acquittés.

Tous sont rejugés en appel depuis le 19 juin. La prochaine audience est prévue le 23 octobre. Les parties civiles, nombreuses à ce procès, considèrent le général Numbi comme le "suspect numéro un" et demandent qu'il soit de nouveau interrogé. La Cour devrait alors rendre un avis lors de la reprise des débats, interrompus depuis le 4 septembre, à l'approche du sommet de la Francophonie qui s'est tenu à Kinshasa le week-end dernier.

Belga

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