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Affaire Chebeya: T. Michel livre de nouveaux documents à la Justice congolaise

Thierry Michel, réalisateur du film "L'affaire Chebeya"

© Archive RTBF

La Haute cour militaire de Kinshasa, qui juge depuis le mois de juin les huit policiers en appel, s'est prescrit en octobre le "devoir de vérifier par toutes les voies de droit les révélations qu'aurait faites le commissaire principal adjoint Paul Mwilambwe relayées par le journaliste belge Thierry Michel", auteur du film "L'affaire Chebeya, un crime d'Etat?".

Le major Mwilambwe, condamné à mort en première instance et en fuite, a directement mis en cause l'inspecteur général de la police nationale congolaise (PNC), le général John Numbi - un proche du président Joseph Kabila - dans un témoignage recueilli par le réalisateur belge.

Le gouvernement congolais conteste l'identité du témoin produit par Thierry Michel et qui s'est également exprimé sur Radio France Internationale (RFI) et sur la chaîne de télévision France 24. Kinshasa a produit des interviews de trois personnes présentées comme des proches de l'officier de police et certifiant qu'elles n'avaient pas reconnu la voix de celui-ci.

Dans une lettre adressée samedi au ministre congolais de l'Information et des Médias, Lambert Mende Omalanga, et au président de la Haute cour militaire, Nyembo ya Buzulu, et dont l'agence Belga a obtenu une copie, Thierry Michel met à la disposition des autorités congolaises "de nouveaux éléments afin de pouvoir établir avec certitude l'identité de la personne (qu'il a) interviewée à plusieurs reprises et permettre à la justice congolaise d'avoir toutes les informations nécessaires pour rendre une justice équitable".

Il a ainsi adressé à Kinshasa un fac similé du passeport que le major Mwilambwe a utilisé lors d'un voyage en Egypte pour effectuer un stage à l'Académie Moubarak de la police, assurant que "la photo du passeport est la même que la personne rencontrée et interviewée, tant par moi-même que par France 24, RFI et les avocats internationaux qui l'ont auditionné", une photocopie de son carnet de vaccination et un curriculum vitae extrêmement détaillé de sa carrière et signé de sa main.

"Il s'agit donc de fournir à la Justice congolaise des éléments de preuve dans une affaire délicate, dans laquelle des éléments fondamentaux sont toujours manquants, puisque le corps du chauffeur, Fidèle Bazana, n'a jamais été retrouvé, et que trois des principaux suspects, condamnés en première instance à de très lourdes peines, sont toujours en fuite", écrit le cinéaste dans cette lettre.

"Honorer la mémoire de Floribert Chebeya"

"Il s'agit bien dans le cadre de mon travail journalistique de donner à l'Etat congolais, un pays qui m'est cher, et à ses organes judiciaires et juridiques, des éléments complémentaires permettant de faire un travail d'enquête et de justice, afin d'honorer la mémoire de Floribert Chebeya mort pour la cause des droits humains", ajoute Thierry Michel.

Selon lui, "tôt ou tard la vérité éclatera, comme le rappelle l'ouverture en Belgique, 50 ans après les faits, de l'enquête sur la mort de l'ancien Premier ministre congolais Patrice Lumumba, assassiné en 1961".

"C'est pourquoi il est aujourd'hui primordial pour la justice congolaise de prendre en compte le témoignage de ce major de la police, témoin de l'assassinat de Floribert Chebeya et de (son chauffeur) Fidèle Bazana, et de vérifier dans le détail toutes ses révélations et allégations afin d'établir la vérité", explique encore le réalisateur, auteur de plusieurs films sur l'histoire de la RDC et du Zaïre.


Belga

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