Novak Djokovic peut rester en Australie. C’est du moins la décision prise par la justice australienne, qui a décidé que l’annulation du VISA du joueur n’était pas légale. Le Serbe, non vacciné contre le Covid-19 d’après le gouvernement australien, va donc pouvoir quitter le centre de détention dans lequel il se trouve depuis son arrivée en Australie. Néanmoins, cela ne signifie pas que le numéro un mondial pourra prendre part à l’Open prévu du 17 au 30 janvier.
De plus, le combat judiciaire n’est pas encore terminé puisque le gouvernement peut encore décider d’expulser le joueur. Le Ministre de l’Immigration a d’ailleurs annoncé évaluer la possibilité d’utiliser son "pouvoir personnel d’annulation".
Reste que dans toute cette polémique, c’est l’image du joueur qui, sur fond de crise sanitaire, se retrouve entachée : "son image va en prendre un coup, en tout cas auprès du grand public, qui ne comprend pas pourquoi certains seraient soumis à des règles et d’autres pas" précise Thierry Zintz, professeur en management du sport à l’UCLouvain et ancien vice-président du COIB, le Comité olympique interfédéral belge.
Rappelons que pour se rendre sur le territoire australien, une vaccination complète contre le coronavirus est obligatoire. Elle est également imposée pour certaines professions dans certains États.
Djokovic mal informé ?
Pour Thierry Zints, l’image véhiculée par le joueur reste imprécise : "Ce qu’on semble savoir actuellement, c’est qu’il aurait eu le Covid en décembre, que ceci aurait justifié une exemption donnée par l’État de Victoria pour jouer sur le territoire de l’État de Victoria, qui ne correspond pas aux règles en vigueur au niveau de l’Australie".
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Une raison qui dispense donc le joueur de révéler sa situation vaccinale mais l’expert tient à rappeler que le joueur pourrait ne pas avoir eu tous les éléments d’information sur les règles à suivre avant son arrivée : "Il apparaît clairement que la Fédération australienne de tennis a donné des informations contradictoires au joueur, ce qui fait que Novak Djokovic est au sein d’un imbroglio dans lequel il pourrait peut-être invoquer le fait qu’il a été mal informé".
Scandale sanitaire
Néanmoins, le Serbe n’en est pas à son premier scandale sanitaire. D’après les informations données par ses avocats, Novak Djokovic aurait bien été infecté par le Covid en décembre. Mais des photos prises le lendemain de son infection le montrent à un événement où le sportif ne porte pas de masque. Une erreur de communication qui laisse perplexe comme le note l’expert : "C’est aussi, je pense, le sentiment que l’on est au-dessus de la mêlée et qu’on peut tout se permettre. Et dans cet état d’esprit, je comprends assez fort la réaction du Premier ministre australien il y a quatre ou cinq jours, disant que tout le monde est soumis aux mêmes règles et que les règles s’appliquent à Novak Djokovic comme à monsieur Dupont".
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Pour Thierry Zintz, le joueur a failli à son devoir d’exemplarité de personnalité publique : "Dans ce contexte-ci, il est évident que les anti-vax vous diront que l’exemplarité est de ne pas être vacciné, alors que les pro-vaccins vous diront que c’est le contraire. Je pense et je réagirais un peu comme notre Premier ministre, en disant que quelques milliers de personnes ont le droit de manifester, mais il y a une majorité silencieuse de millions de personnes qui, elles, ont pris des mesures pour faire face à cette pandémie".
Conséquences diplomatiques
Reste que la situation a aussi des conséquences sur la politique internationale entre la Serbie et l’Australie. Le président serbe a fait part de son soutien à Djoko alors qu’en Australie, le numéro un mondial est vu comme un privilégié.
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Rien de surprenant pour Thierry Zintz, qui rappelle que la diplomatie et le sport sont intimement liés, même si pour lui, il y a eu une faute d’usage dans ce contexte particulier : "La position du président serbe est une position de défense de son citoyen, je dirais envers et contre tout, et probablement parce que c’est Novak Djokovic et pas un autre. Donc, oui, il y a un mésusage de la diplomatie dans ce contexte-ci, parce que je pense que le président serbe se donne effectivement des droits d’intervention sur un territoire qui n’est pas le sien au nom de l’image de Djokovic, et tout ça ne peut que nuire à l’image de Djokovic, à mon sens".
Les sponsors feront-ils encore appel au joueur ?
Avec cette polémique, c’est l’image du joueur qui s’en retrouve entachée. Et l’image, c’est ce qui intéresse les marques ! Djokovic n’est pas le premier sport à être embourbés dans des scandales, loin de là. Toujours est-il que le numéro un mondial pourrait souffrir de cette affaire d’un point de vue marketing : "Il y a le célèbre précédent de Tiger Woods qui, étant marié avec une épouse suédoise et ayant de beaux enfants avec son épouse, s’était retrouvé dans une situation où il apparaissait qu’il avait une copine dans la plupart des clubs de golf où il passait. Et à ce moment-là, certains de ses partenaires se sont retirés parce que l’image qu’il véhiculait ne correspondait pas à l’image qu’eux souhaitaient", rappelle Thierry Zintz. "Il est donc bien possible que Novak Djokovic souffre de cette situation auprès de ses partenaires.", ajoute l’expert.
Si le jouer est finalement autorisé à jouer sur les courts de l’Open, le public australien pourrait se montrer dur avec lui. Un accueil qui pourrait néanmoins décupler les capacités du joueur qui ne se laissera pas abattre : "Je sais que c’est dans l’adversité qu’il est le plus fort. Je pense donc que s’il est autorisé à monter sur les courts australiens, ce sera avec le couteau entre les dents", conclut Thierry Zintz.