Belgique

Affaire Ihsane Haouach : circulez, il n’y a (plus) rien à voir ?

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Par Himad Messoudi

Ce jeudi, le Premier ministre Alexander De Croo et la secrétaire d’Etat à l’Egalité des genres, des chances et à la Diversité l’Ecolo Sarah Schlitz seront interrogés à la Chambre par plusieurs partis. C’est une nouvelle secousse de l’affaire Ihsane Haouch, du nom de la nouvellement nommée commissaire du gouvernement auprès de l’institut pour l’égalité des femmes et des hommes.

Il y a un mois, le Premier avait dû défendre la nomination d’Ihsane Haouach, nomination contestée par plusieurs partis, dont le MR, en raison du voile porté par la Bruxelloise. Cette séquence politique avait laissé des traces, le Premier ministre ayant dû revenir au Parlement pour clarifier la façon dont les débats se sont passés en Conseil des ministres, après plusieurs tweets libéraux, de quoi parler, pour Bertrand Henne, d'"affronts" faits tant au MR et qu’au Premier ministre.

Deuxième vague

On pouvait penser que la séquence était terminée, mais elle a été relancée lorsque Corentin De Salle, directeur scientifique du centre Jean Gol, le centre d’études du MR et membre du Conseil d’administration de l’institut pour l’égalité des femmes et des hommes, a demandé à Ihsane Haouach, en pleine séance, de retirer son voile.

Après cet incident, la jeune femme a accordé une interview au journal Le Soir où plusieurs propos ont heurté tant le MR que Défi, plus particulièrement lorsqu’elle déclare : "La discussion n’est pas : est-ce qu’on remet en cause la séparation de l’Église et de l’État ? , c’est : comment la décline-t-on avec un changement démographique ? 

"Nouvelle tempête : des propos "extrêmement dangereux" pour le président du MR Georges-Louis Bouchez, des questionnements au cdH et chez Défi, une demande d’audition de la commissaire pour la N-VA.

Il faudra attendre mercredi en fin d’après-midi pour qu’Ihsane Haouach reprenne la parole, sur sa page Facebook : "Certains des propos tenus dans cette interview ont été mal-compris, mal-interprétés et, malheureusement, instrumentalisés par certains, ce que je regrette. J’ai assurément une part de responsabilité dans cette situation. Je ne suis pas une professionnelle de la communication. Ce n’est pas mon métier. Je réalise que j’ai probablement formulé de manière incomplète et maladroite certaines idées. […] Que les choses soient claires : je n’ai jamais voulu remettre en question le principe de la séparation des Églises et de l’État ni l’application de ce principe. Ce principe est un fondement de notre démocratie, au même titre que la liberté de conscience, l’égalité des citoyen.ne.s devant la loi et la neutralité de l’État. Ces principes sont les boucliers de nos libertés. […] Je considère qu’en aucune circonstance le religieux ne peut s’ingérer dans la gestion de l’État, ni prédominer sur le civil dans l’organisation de notre société. […] Lorsque j’ai évoqué la démographie, ce n’était en aucun cas pour y conditionner le principe ou relativiser la portée de la séparation des Églises et de l’État qui, je le redis, est trop précieux que pour être négocié. Le mot 'démographie' était mal choisi et je le regrette car il n’avait pas sa place dans ce raisonnement. Mon propos n’a donc jamais consisté à remettre en cause ce principe ni son application, mais à préciser – peut-être maladroitement – que ce principe pouvait se décliner différemment selon les contextes."

Fin de partie ?

Il n’est pas certain que les partis souhaitant interpeller Sarah Schlitz s’en contenteront. La secrétaire d’Etat Ecolo s’est montrée très discrète pendant cette séquence, son cabinet se contentant de déclarer que l’interview avait été donnée à "titre personnel" et que "la commissaire du gouvernement ne représente pas l’Institut, ni même le gouvernement". Propos qui a fait "tombé de [sa] chaise en entendant cela", Patrick Goffaux, professeur de droit administratif à l’ULB. Interrogé par le Soir, l’universitaire est clair : "Non, la commissaire représente clairement le gouvernement. Elle est la déléguée de la secrétaire d’Etat. Elle n’agit pas de manière autonome, comme une personne qui n’aurait pas de comptes à rendre."

Ce jeudi, pas moins de 10 partis interrogeront Alexander De Croo et Sarah Schlitz en séance plénière de la Chambre. Le post Facebook d’Ihsane Haouach a satisfait la secrétaire d’Etat écologiste. Le Premier ministre et sa secrétaire d'Etat vont-ils vouloir clore ce chapitre une bonne fois pour toutes ? Circulez, il n’y a (plus) rien à voir ?

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