Septante véhicules blindés MRAP résistant aux mines, d’un coût d’un million de dollars pièce, et 27 véhicules légers Humvee ont également été mis hors d’usage par l’armée américaine au terme du pont aérien mis en place pendant deux semaines, et qui a permis d’évacuer quelque 123.000 personnes du pays, en grande majorité des Afghans. Par contre, ailleurs dans le pays, les milices talibanes ont pu mettre la main sur pas mal de matériel militaire moderne.
La Turquie s’est proposé d’assurer la sécurité des installations mais les talibans n’en veulent pas. Ils répètent qu’ils n’accepteraient aucun militaire étranger après le 31 août. Le Qatar aussi tente de persuader les talibans d’accepter une protection étrangère. Sans résultat jusqu’à présent.
Et sans présence sécuritaire étrangère, peu de compagnies aériennes se risqueront à Kaboul.
Pas de personnel ni de moyens pour faire tourner les avions
L’autre question est de savoir si les talibans ont les moyens, l’expertise de faire fonctionner l’aéroport ?
Là aussi, la réponse est négative : manque de personnel qualifié pour le contrôle du trafic aérien, pénurie de carburant et communications déficientes rendront impossible l’exploitation de l’aéroport. Jusqu’ici, l’Otan a fait tourner les installations avec son personnel civil.
Outre la fuite des cerveaux, l’Afghanistan des talibans va aussi devoir faire face à des caisses de l’Etat vides, ou plutôt vidées. Beaucoup de membres du régime précédent ont en effet pris la fuite en emportant de l’argent. Sept des 9 milliards de dollars des réserves de la Banque centrale afghane sont aux Etats-Unis, hors de portée du pouvoir taliban.
Dans ces conditions, le redémarrage rapide d’un aéroport international semble difficile.
La Turquie proposait aussi son aide au niveau technique, mais vu le rejet de son assistance militaire, l’idée semble abandonnée.
Comment quitter l’Afghanistan ?
Et donc pour l’instant, plus aucun avion ne se pose à l’aéroport de Kaboul.
Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, juge pourtant "essentiel" de garder ouvert l’aéroport de Kaboul et a promis de ne pas oublier ceux qui cherchent à fuir le régime taliban en Afghanistan après le départ des derniers soldats américains. Les talibans aussi ont promis de laisser partir ceux qui le souhaitent.
De 100 à 250 ressortissants américains sont encore présents en Afghanistan, de même que plusieurs centaines de Britanniques, souvent des familles mixtes avec des personnes dépourvues de documents. Ce lundi, 125 Belges ou personnes sous protection belge qui se trouvent encore en Afghanistan étaient recensés sur la liste des personnes souhaitant être évacuées.
Il y a aussi de nombreux Afghans qui souhaitent partir… Parce qu’ils ont travaillé pour l’ex-gouvernement ou les forces étrangères et craignent des représailles. Parce qu’ils veulent fuir une situation économique catastrophique. Parce qu’ils n’imaginent pas vivre sous la loi islamique la plus rigoriste.
Même si l’aéroport reprend vite du service, il n’est pas sûr que ceux-là tenteront d’y passer pour quitter le pays…