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Afghanistan : interdites de travailler avec des femmes, des ONG suspendent leurs activités

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Par Victor de Thier

Trois ONG étrangères ont annoncé dimanche suspendre leurs activités en Afghanistan au lendemain de la décision par les talibans d'interdire aux femmes de travailler pour des ONG locales et internationales pourtant essentielles au pays.

Dans un communiqué commun, Save the Children, le Conseil norvégien pour les réfugiés et CARE International ont annoncé dimanche après-midi suspendre leurs activités en attendant que l'annonce faite samedi soir par les talibans soit "clarifiée".

"Nous suspendons nos programmes, en exigeant que les hommes et les femmes puissent poursuivre de la même manière notre aide pour sauver des vies en Afghanistan", expliquent les trois associations.

Dimanche, de hauts responsables des Nations unies et des dizaines d'ONG opérant en Afghanistan se sont concertés sur la marche à suivre après que les talibans leur ont ordonné de cesser de travailler avec des femmes.

Dans la lettre émise aux ONG locales et internationales, le ministère explique avoir pris cette décision après avoir reçu des "plaintes sérieuses" selon lesquelles les femmes y travaillant ne respectaient pas le port du "hijab islamique".

"Nous n'avons jamais été prévenus de problème concernant le code vestimentaire des femmes", a relaté dimanche une responsable d'association sous anonymat.

"L'interdiction va avoir un impact sur tous les aspects du travail humanitaire, car les femmes employées ont des postes clés dans les projets axés sur la population féminine vulnérable du pays", a déclaré dimanche à l'AFP un haut responsable d'une ONG étrangère.

"Nous battre pour nos droits"

"Ce dernier recul flagrant des droits des filles et des femmes aura des conséquences considérables sur la fourniture de services de santé, de nutrition et d'éducation aux enfants", a tweeté dimanche le directeur régional de l'Unicef, George Laryea-Adjei.

Des dizaines d'organisations travaillent dans les régions reculées de l'Afghanistan et beaucoup de leurs employés sont des femmes. Plusieurs d'entre elles ont prévenu qu'une interdiction du personnel féminin entraverait leur travail.

"Nous sommes quinze dans ma famille et je suis le seul soutien, si je perds mon emploi, ma famille mourra de faim", a témoigné Shabana, 24 ans, employée d'une ONG à Kaboul.

"Pendant que vous célébrez l'arrivée de la nouvelle année, l'Afghanistan est devenu un enfer pour les femmes", a ajouté la jeune femme en ce jour de Noël.

Ne souhaitant pas donner son nom de peur de représailles des talibans, une autre afghane de 27 ans, qui devait commencer à travailler dimanche dans une ONG internationale, a vu ses "rêves s'envoler".

"Le travail ardu que j'avais fourni ces dernières années dans le domaine de l'éducation a volé en éclats", a-t-elle témoigné auprès de l'AFP.

"Mais nous sommes assez courageuses pour ne pas accepter les interdictions, et nous battre pour nos droits. Cela peut prendre du temps mais si nous croyons en nous-mêmes, nous reviendrons plus fortes que jamais", a déclaré, combative, la jeune femme.

Selon les Nations unies et les agences d'aide, plus de la moitié des 38 millions d'habitants du pays ont besoin d'une assistance humanitaire pendant l'hiver rigoureux.

Sur le même sujet : extrait du JTdu 15/09/2021

Afghanistan : les vaines promesses des Talibans un mois après leur prise de pouvoir

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